Economie
Dollarisation en Haïti et en République Dominicaine. Diaspora, ONG, investissements et autres. (Première partie)
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Dollarisation de l'economie Haitienne et Dominicaine
Par Joseph Harold PIERRE--- La dollarisation se définit comme la substitution d’une monnaie nationale par une monnaie étrangère, par exemple le dollar ou l’euro. Elle est dite totale quand un pays adopte une monnaie étrangère comme monnaie exclusive, alors qu’elle est partielle, quand il existe une co-circulation des monnaies nationale et étrangère. Il est à noter que notre analyse est faite exclusivement sur la dollarisation partielle.
La dollarisation est le moyen le plus utilisé par les agents économiques pour se protéger de l’inflation et de la dévaluation des monnaies locales. Depuis les années 80 et 90, certains pays latino-américains tels l’Argentine et le Mexique ont eu recours à la dollarisation en de vue de juguler les fortes pressions inflationnistes qui les sévissaient et, du même coup, de contrebalancer les effets pervers des crises de dévaluation des années 90. Quant aux pays de la Caraïbe, ils n’ont pas connu de niveaux d’inflation si élevés. L’inflation moyenne pendant les deux dernières décennies en Amérique Latine est de 34%, alors qu’elle n’est que de 10% dans la Caraïbe, soit 24 points de pourcentage de moins.
Quant à Haïti et la République Dominicaine, elles ont un niveau d’inflation moyen de 16% et 10%, respectivement, pour la même période. Au cours de la dernière décennie, l’écart entre les niveaux des prix des deux pays s’est réduit considérablement, puisque l’inflation dominicaine s’est située à 12% contre 13% pour Haïti. Bien que les deux économies aient des niveaux d’inflation pratiquement égaux, la dollarisation en Haïti pendant les 20 dernières années sont plus du double de celle de la République Dominicaine. De plus, Haïti est la cinquième économie la plus dollarisée de l’Amérique Latine et la première de la Caraïbe pendant la dernière décennie (2002-2011). Dépassée seulement par l’Uruguay (82%), le Nicaragua (70%), la Bolivie (67%) et le Pérou (60%) pour l’année 2011, la dollarisation en Haïti est de 52%, plus du double de celui de la République Dominicaine qui se situe à 26%.
Vu cet état de fait, on s’attache dans cet essai à analyser les provenances des dollars en Haïti et en République Dominicaine. On verra séparément le rôle que jouent l’inflation et la dévaluation dans la dollarisation des deux pays, les apports des diasporas, des investissements directs et des ONG. Puis on tentera de mesurer à quel niveau les économies haïtienne et dominicaine bénéficient de ce niveau élevé de dollars qui y circulent. Pour ce faire, on présentera, en tout premier lieu, une description de la dollarisation dans les deux pays.
1 – Description de la dollarisation
Comme on peut observer dans la graphique, la Banque Interaméricaine de Développement (BID) a enregistré la dollarisation en Haïti depuis 1990, alors que tel n’est pas le cas pour de nombreux pays latino-américain comme la République Dominicaine dont le registre n’a commencé que six ans plus tard, soit en 1996.
Suivant la graphique, la dollarisation en Haïti présente une tendance à la hausse prononcée de 1990 à 2011, alors qu’en République Dominicaine cette tendance haussière n’a duré que 7 ans, soit la période (1996-2002), puis s’est aplanie considérablement. Les dépôts en dollars en Haïti sont passés de 172 millions à 1.7 milliards de dollars de 1996 à 2011, correspondant à 23% et 57% du total des dépôts pour ces deux années. La moyenne et le taux de croissance annuels de la dollarisation en Haïti pendant ces quinze dernières années sont 45% et 2%, respectivement.
Pour ce qui est de la République Dominicaine, les dépôts en dollars sont évalués à 80 millions et 3.87 milliards équivalant à 3% et 26% du total des dépôts en 1996 et 2011, respectivement. Si le taux de croissance de la dollarisation en République Dominicaine est le même que celui d’Haïti, soit 2%, la moyenne annuelle de 13% du pays ne représente que 40% de celle d’Haïti. Autrement dit, le niveau de la dollarisation en Haïti équivaut à 2.7 fois celui de la République Dominicaine.
Vue dans un contexte régional, la dollarisation en Haïti a dépassé la moyenne de de la Caraïbe depuis 2000 et celle de l’Amérique Latine depuis 2002 et depuis lors a maintenu sa position de leader. Par contre, le niveau de la dollarisation en République Dominicaine ne représente que la moitié du degré de dollarisation dans la Caraïbe et celui de l’Amérique Latine séparément. Ce qui fait que la République Dominicaine, à la différence d’Haïti, soit parmi les économies les moins dollarisées de la région.
Somme toute, ce qui doit retenir notre attention est que la dollarisation en Amérique Latine et dans la Caraïbe présente dans l’ensemble une tendance à la baisse. En République Dominicaine, on n’en observe pas de tendance au cours de la dernière décennie, sinon qu’elle s’est stabilisée autour de 25%. Par contre, en Haïti, la dollarisation, hautement élevée par rapport aux pays de la Caraïbe en général et à la République Dominicaine en particulier, équivaut a plus de la moitie du total des dépôts au cours des cinq dernières années et n’a cessé de grimper.
A suivre…
Par Joseph Harold PIERRE,
économiste et politologue
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