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Haiti-Observateur: Clifford Brandt : Très bientôt les arrestations initiales - LES INVESTIGATIONS QUE MÈNENT LES AGENTS AMÉRICAINS

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Une première liste confidentielle dressée et des policiers recrutés dans les villes nord-américaines

Par Léo Joseph

L'arrestation de Clifford Brandt — on l'a déjà expliqué— constitue la boîte de Pandore que les enquêteurs fédéraux américains se préparaient à ouvrir dans des conditions bien différentes. Même si l'opération se trouve lancée prématurément, l'objectif reste inchangé : mettre la main au collet d'un grand nombre d'individus, presqu'exclusivement des ressortissants étrangers vivant en Haïti, qui pratiquent des affaires dont les méthodes les mettraient en contravention avec les lois américaines. Bien que la portée de cette intervention de la justice fédérale américaine en Haïti soit mal définie, le président haïtien ayant décidé de sombrer dans le silence, tout laisse croire qu'il s'agit d'une action d'envergure. En tout cas, les informations obtenues sur les dernières activités que mènent ces étrangers montrent clairement que les premières arrestations sont sur le point de s'effectuer.

En effet, des sources fédérales et municipales, aux États-Unis, ont précisé que des recrutements de policiers seraient en cours dans le cadre d'une mission dont le théâtre serait Haïti. On affirme que le gouvernement fédéral américain aurait sollicité la « coopération» des grandes municipalités nord-américaines, telles que Miami (Dade County), New York, Boston, Chica go et Philadelphie. Ces mêmes informateurs ont précisé qu'à cause du mauvais temps qui a frappé la ville de New York, et qui a déterminé les autorités à maintenir l'état d'urgence, cette ville n'a pu « sacrifier » qu'un effectif réduit. On rapporte qu'une dizaine de policiers seulement auraient été «prêtés » au gouvernement fédéral.

Dans le cadre de ce programme de recrutement, la municipalité de Miami au rait mis environ 10 policiers à la disposition des autorités fédérales. Tandis que Chicago en aurait donné plus de quinze.

Bien que la majorité des policiers enrôlés pour cette «mission » soit anglophones, on a souligné qu'on souhaite au moins que 30 % des personnes choisies pour participer à ce projet puissent s'exprimer couramment en créole.

Mission en Haïti

Le recrutement de policiers en cours maintenant est différent de celui qui avait été entrepris à l'occasion de la création de la Police haïtienne, afin d'entraîner la jeune force de police qui se trouvait en chantier et en même temps pour assurer la sécurité du pays, après la démobilisation des Forces armées d'Haïti par le président Jean-Bertrand Aristide.

La présente mission est organisée exclusivement par les États-Unis, qui se chargent de verser les émoluments de ces policiers. Ceux qui sont familiers avec cette opération que mènent actuellement les Américains en Haïti, et dont le nom de code reste inconnu, déclarent clairement qu'il s'agit d'une «mission en Haïti » dont la durée n'est pas indiquée. On a donné l'assurance qu'elle pourrait s'étirer sur six mois.

Un diplomate américain parlant avec la plus grande discrétion, a révélé que la phase de la mission qui va être lancée bientôt exige un haut niveau de « professionnalisme et d'autonomie » des hommes déployés sur le terrain. Selon lui, l'opération en question exige la discipline et l'intégrité chez le personnel. Bien qu'on conçoive bien que la majorité des policiers haïtiens sont à la hauteur de la tâche et ne doivent rien envier à leurs collègues américains, on doit se rappeler, toutefois, qu'il existe des membres « dévoyés » de l'institution haïtienne. C'est donc par souci d'éviter que le succès de l'opération ne soit compromis que des policiers jugés «plus performants et plus sérieux » sont recrutés.

Une première liste dressée, des arrestations imminentes

On affirme, par ailleurs, que suite à une longue enquête menée sur plus de quatre mois, on est parvenu au moment où doivent se faire des arrestations. Une liste serait déjà préparée, et on est bien forcé de diriger l'opération dans un sens qui n'était pas prévu.

En effet, précise-t-on, à l'instar de l'affaire Brandt, qui n'était pas prévue et pour laquelle s'était mobilisée immédiatement l'équipe d'agents fédéraux qui se trouvaient sur place, on s'est lancé dans cette phase du projet alors qu' « on n'y était pas encore arrivé ». On a été bousculé par les événements, obligés de prendre le taureau par les cornes. Tout cela est rendu nécessaire, dit-on, par l'assassinat d'un haut gradé de la police.

Les agents du FBI déployés en Haïti depuis plusieurs mois se sont familiarisés avec « la topographie du milieu » ayant développé des reflexes de terrain permettant d'analyser rapidement les événements qui se produisent et qui exigent l'intervention rapide des forces de l'ordre. L'analyse des indices recueillis, suite au meurtre du commissaire Yves Bellefleur, a permis d'établir que les assassins se trouvent au sein de la Police nationale. Des agents ont conclu qu'il fallait interroger d'abord des hauts gradés de l'institution.

Un des suspects recherchés pour interrogatoires dans le cadre de l'assassinat de Bel le fleur est l'ex-commissionnaire municipal des Gonaïves, Jean Bourque Dorfeuille.

On rapporte que M. Dorfeuille aurait été appréhendé pour être interrogé dans le cadre de l'enquête visant à établir l'identité des assassins d'Yves Bellefleur.

De l'avis des agents du FBI, si les suspicions qui pèsent sur Dorfeuille se confirment et qu'on vient à conclure qu'il a participé à ce crime, soit en tant qu'exécutant ou comme commanditaire, il y a de fortes chances que beaucoup d'autres crimes du même genre pourraient être résolus.

Cette théorie rencontre les points de vue d'un agent qui porte le double chapeau d'avocat et de policier. Selon lui, contrairement à ce qu'on pense généralement en Haïti, les criminels ne sont pas aussi nombreux qu'on veut le faire croire. C'est pourquoi il soutient qu'il parierait que la presque totalité des assassinats perpétrés en Haïti depuis plusieurs années serait imputables à un groupe restreint d'individus. L'arrestation de Dorfeuille, dit-il encore, permettra d'épingler d'autres criminels partageant le même créneau.

Calixte Valentin dans le collimateur des agents fédéraux

Le temps de liberté du conseiller du président Martelly, qui vient d'être libéré sur décision d'un juge ayant prononcé une ordonnance de main levée d'écrou en sa faveur, peut ne pas durer longtemps. Une source confidentielle proche de la PNH a fait savoir que Mercidieu Calixte

Valentin pourrait se retrouver en taule, si la décision de l'appréhender de nouveau est maintenue.

La mise en liberté de Valentin, qui a provoqué une vague d'indignation chez la famille de sa victime, au niveau des organisations de défense des droits humains et au sein des secteurs attachés au principe du droit et de justice est très mal accueillie dans le pays. C'est pourquoi, des sources autorisées de la PNH ont déclaré que le président Martelly aurait été «avisé » de ne pas permettre à son « conseiller » de circuler librement alors que les parents de sa victime pleurent encore sa mort.

Le chef de l'État haïtien se trouve dans une situation précaire et l'on ne voit point comment il va se tirer d'affaires.

En effet, pour le cas de Dor feuille, son arrestation constituerait un échec cuisant pour Michel Martelly. Car l'histoire de celui-là ne fait pas honneur à la présidence. Il a été extrait de prison le lendemain de la prestation de serment du président Martelly, soit le 15 mai 2011 parce qu'il se trouvait en prison en attendant son jugement pour l'assassinat de sa concubine, Monique Pierre.

Quand Martelly avait ordonné la mise en liberté de Dorfeuille, il refusa d'entendre les avis contraires émis par des personnes hautement autorisées. Il répondait que Dorfeuille « se zanmi m».

C'est le même raisonnement pour le cas de Valentin. Si le président Martelly s'est vu obliger de tolérer l'incarcération de ses deux « amis », il faut croire alors qu'il s'est heurté à une « une force encore plus grande que la sienne », et qui lui impose ses quatre volontés.

La vraie vague d'arrestations s'annonce aussi

L'arrivée en Haïti de policiers américains et haïtiano-américains coïncide avec la décision de lancer la vraie vague d'arrestation. Il s'agit de personnes dont les cas n'ont rien avoir avec l'affaire Brandt. On laisse croire que ces individus appartiennent à une autre catégorie, mais dont certains d'entre eux font aussi partie de ce même gang.

Dans ce peloton se trouvent les gens recherchés pour leur participation à des activités « illicites et illégales », surtout des hommes d'affaires qui utilisent leurs entreprises pour blanchir l'argent

sale provenant du kidnapping, du trafic de drogue et d'assassinat à gages. À cette catégorie appartiennent d'autres personnes recherchées par la police américaine pour s'être soustraits à la justice après avoir été mis en liberté provisoire.

Les Américains restent muets sur le sort réservé aux personnes accusées de kidnapping. Par contre, on laisse croire que, contrairement à ce qui se faisait dans le passé, on va garder les prévenus en prison en Haïti au lieu de les faire transporter aux États-Unis. Selon ce qui se répète parmi les procureurs américains, il serait moins coûteux de garder ces prisonniers en Haïti. Dans une telle logique, explique-t-on, les prisons de Carrefour et de Croix des Bouquets serviront à loger ces prisonniers. On peut aussi bien, le cas échéant, les placer dans une prison qu'avaient construite les Américains sur la frontière haïtiano-dominicaine.

Tout compte fait, on prétend qu'on est à la veille de grands événements. L'arrestation de Bouquet Dorfeuille va provoquer une forte explosion dans le monde interlope, qui permettra d'étaler au grand jour biens des secrets.

Source: Haiti-Observateur

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