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"Haïti n’est pas encore ouverte aux affaires", selon Nigel Fisher

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Le nouveau chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation d'Haïti (Minustah), Nigel Fisher, a tenu sa première conférence de presse ce vendredi 15 février 2013.

Présent en Haïti depuis tantôt trois ans, le diplomate canadien s'était surtout investi dans le domaine humanitaire et de développement. Ses expériences en Haïti, dit-il, lui permettent de bien comprendre et du même coup soutenir le désir des Haïtiens d'être pleinement en charge des affaires de leur pays. Dans cette perspective, soutient-il, le travail de la Minustah et d'autres partenaires consistent à l'accompagner dans cette voie.

Dans un récent voyage effectué au siège de l'Onu à New-York (Etats-Unis d'Amérique), Monsieur Fisher dit rencontrer les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies, les amis d'Haïti ainsi que les principaux responsables de l'Organisation. Durant ce voyage, le nouveau patron a.i de la Minustah dit constater un sentiment de frustration de la part de ces hauts responsables par rapport à la non tenue des élections en Haïti.

De nos jours, rapporte-il, l'impression qui prédomine au sein des membres du conseil de sécurité de l'Onu et les amis d'Haïti, est celle d'une impasse. Tout en reconnaissant qu'il y a certains progrès qui ont été faits notamment avec la mise en place du Conseil supérieur du pouvoir judicaire (CSPJ), l'amélioration du climat de sécurité et la publication de la version amendée de la Constitution, les inquiétudes sont encore patentes. Les investissements n'ont pas atteint le niveau espéré et la croissance du PIB n'a été que 2,5%, très loin des 8 % prévus en début de l'exercice fiscal, a fait savoir Nigel Fisher.

En dépit de certaines lenteurs affichées par les bailleurs dans le processus de décaissements de l'aide, Nigel Fisher croit que le problème est beaucoup plus large. « Lorsque les pays amis d'Haïti et les investisseurs potentiels se demandent si « Haïti est ouverte aux affaires », certains répondent oui, mais après maintes réflexions la majorité disent « pas encore », a informé M. Fisher qui revient sur les causes de cette position. A son avis, cela est dû à cause des processus d'appels d'offres, de contrats et d'attribution de marchés. Les acteurs ne considèrent pas que le processus soit suffisamment juste et transparent pour garantir une compétition saine.

Dans la même veine, d'autres partenaires d'Haïti, a indiqué Nigel Fisher, ont aussi exprimé leurs préoccupations concernant l'indépendance du pouvoir judiciaire. A leur avis, rapporte le diplomate, il est primordial que la justice puisse faire son travail en toute indépendance et que la garantie des procédures soit respectée. « Le peuple haïtien doit pouvoir jouir d'un système judicaire où tous sont égaux devant la loi », ont-t-ils souhaité.

Parallèlement, explique M. Fisher, l'impasse de réalisation des élections constitue la grande question qui domine le discours et en même temps cristallise la déception des partenaires d'Haïti. La Minustah et les amis d'Haïti sont déjà prêts à accompagner le pays pour la tenue des élections libres, démocratiques, honnêtes et inclusives. Car, précise-t-il, l'organisation des élections en Haïti est un domaine qui symbolise les politiques d'exclusion et les faiblesses institutionnelles montrent clairement pourquoi « Haïti n'est pas encore ouverte aux affaires. »

En mars prochain, le Secrétariat général de l'Onu devra présenter un rapport par devant le Conseil de sécurité sur la situation d'Haïti. Selon Monsieur Fisher, le projet de ce rapport n'est pas tellement optimiste. En ce sens, il promet de travailler, conformément à la demande du Secrétaire général, Monsieur Ban Ki Moon, avec les pouvoirs exécutif et législatif pour définir ensemble une feuille de route sur les priorités de l'heure.

Déjà, Nigel Fisher propose de travailler sur quatre grands axes dans le cadre de l'élaboration de cette feuille de route. Il s'agit de renforcer la sécurité et en augmentant le nombre, la répartition et la qualité de la Police nationale d 'Haïti, renforcer l'autorité du Conseil électoral permanent (CEP) pour qu'il assume pleinement ses responsabilités dans la tenue des futures élections. Il entend également œuvrer en vue de renforcer la culture de l'Etat de droit en renforçant certaines institutions telles que CSPJ, CSC/CA, OPC et IGPNH. Et, le domaine de la bonne gouvernance n'est pas en reste.

Noclès Débréus

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