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Je suis français
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- Catégorie : Opinions
- Publié le jeudi 8 janvier 2015 18:52
Par Dimitri Norris --- Je n'aurais jamais cru, même un jour, que je commencerai un article par ce titre-là . Mais les incidents qui ont marqué la capitale française au cours de la journée du Mercredi 7 Janvier 2015 exigent que nous allions au-delà de nous-mêmes.
Hier dans la matinée, j'ai reçu aux environs de neuf heures du matin un appel d'un ami qui m'expliquait en des termes que j'avais des difficultés à comprendre qu'un attentat s'était produit contre le journal satirique « Charlie Hebdo ». Rapidement à partir d'Internet, je pris conscience de toute la dimension du drame qui s'était passé en région parisienne et immédiatement je me rendis compte qu'un palier avait été franchi entre la civilisation et la barbarie, que tous les êtres humains dans la moindre parcelle d'humanité qui est la leur peuvent se sentir agressés par cette action. Je me sentis d'autant plus atteint par cet attentat que du peu que je me rappelle les dessins de Wolinski ont traversé toute ma vie et qu'ils ont eu un impact sur moi et ont interpellé mon esprit jusqu'au plus profond de ma chaumière se trouvant dans la région métropolitaine de Port-au-Prince.
Je voudrais profiter de cet article pour rappeler, si autant que cela soit nécessaire, ce que la République d'Haïti et la République Française ont en commun. Cela va bien au-delà de la langue. Jean Baptiste du Bellay, il est possible que ce nom ne dise pas grand-chose à la majorité des haïtiens et également à bien des français, est celui qui lors d'une séance des représentants du Tiers État à la salle du jeu de Paume avait demandé d'ajouter le concept de Fraternité à la devise des Républicains qui n'était alors que « Liberté, Égalité ». Jean Baptiste du Bellay est un affranchi noir qui était le député qui représentait Saint Domingue à la convocation des États Généraux en France. Il était né au Sénégal et après avoir été esclave, il avait gagné son affranchissement.
Les troupes de l'armée indigène avaient attaqué lors des batailles de la guerre de l'Indépendance les troupes françaises au son du chant de Leconte de Lisle « La Marseillaise » dans lequel tous les amoureux de la Liberté se retrouvent et que cet hymne a fait office d'hymne national jusqu'à ce que les haïtiens adoptent « La Dessalinienne » et ce au milieu du dix-neuvième siècle. Un ambassadeur français en poste au Vietnam n'a-t-il pas tout récemment écrit un ouvrage dans lequel il raconte que le général Nguyen von Giap, le grand vainqueur de Dien Bien Phu, n'avait pas hésité à chanter « la Marseillaise» au cours d'une réception à l'Ambassade de France à Hanoi pour marquer le caractère universel des valeurs de la République et de la Révolution françaises.
Aujourd'hui je me sens concerné par ce qui s'est produit à Paris et je me rappelle qu'au cours de la Coupe du Monde de 2010 le nom aux accents les plus français que l'on pouvait entendre était celui de ce joueur chilien dont le père a vécu à Port-au-Prince « Beauséjour ».
Avant d'écrire cet article, ma première réaction avait été de tenter d'envoyer un message de soutien et de réconfort au personnel et aux autorités de l'Ambassade de France en Haïti mais par la suite je me suis ravisé et j'ai trouvé plus judicieux en ma qualité d'ancien boursier de l'État Français d'écrire cet article, que ce soit un acte public, qui me permet de prendre fait et cause pour les valeurs de civilisation qu'incarne la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » que partagent plus encore qu'il ne parait la République d'Haïti et la République Française.
Enfin en terminant cet article, j'aimerai dire ce que tant d'autres que moi disent aujourd'hui sur toute la planète « Je suis Charlie ».
Dimitri Norris,
citoyen haïtien et du monde
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