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La Calamité Rose: Ayiti-Exit - la nécessité d’arrêter la Caravane du Faire Semblant (9 de 9)
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- Publié le mardi 4 août 2020 13:08
Par Alin Louis Hall --- Dans notre processus de formation sociale, le faire semblant apparait comme une forme anthropologiquement dégénérée du marronage. On s’explique ainsi cette identité haïtienne jamais mise en chantier en raison d’une hybridation ratée. Les créoles et les bossales ont préféré faire semblant de coexister. Evidemment, il est normal que les enfants jouent à faire semblant. Cependant, dans le cas d’adultes, mimer peut servir soit de défenses psychologiques soit de mécanismes compensatoires. En effet, les recherches semblent suggérer que la plupart des gens affectés par cette pathologie ont subi toutes sortes de violence dans leur socialisation. La dissociation qui en résulte affecte l’identité, la conscience et la perception. Les troubles dissociatifs sont fascinants et complexes en tant que phénomènes impliquant un recours majeur au refoulement. Il en résulte un clivage de la conscience où le moi se protège de l’angoisse par la fugue. Fort souvent, cette fuite en avant nous rend incapable d’interpréter notre condition existentielle. Ce conditionnement mental a une si forte prévalence en Haïti que la société est devenue paraplégique.
Pendant que l’avènement du régime républicain mettait les armes de l’esprit critique à la disposition du citoyen, Alexandre Pétion présentait la matrice conceptuelle des fraudes électorales haïtiennes sous les fonts baptismaux. Lors du vote de la Constitution du 27 décembre 1806, la manœuvre consistait à faire passer arbitrairement le nombre de paroisses de l’Ouest et du Sud de 24 à 39[1]. Cette magouille électorale devait ainsi assurer à Pétion et Gérin une confortable majorité à l’Assemblée Constituante. Après l’expérience de la toute-puissance dessalinienne, l’objectif visait surtout à limiter les pouvoirs du premier président qui devait succéder à l’empereur. De tous nos errements et tâtonnements, on retiendra surtout que la cure du 17 octobre a été pire que le mal. Pétion inventa donc la présidence à vie et Haïti glissa dans la dysfonction électorale. L’inquiétude des dépositaires du statu quo alimente toujours les fraudes. Comme Roger Gaillard l’a si bien souligné, « On devenait président d’Haïti, par des intrigues de couloir ou le sabre. D’élections libres et populaires, il ne fut jamais question[2]. » Aussi, pour arriver à la permanence du Conseil Electoral Provisoire, a-t-il fallu passer par la baïonnette, la corruption parlementaire et le commerce du vote en gros et en détail.
Le faire semblant peut être considéré comme une maladie de l’intelligence qui, comme un prisme déformant, fausse tous les aspects de l’univers. Ce phénomène est singulièrement devenu la fiche signalétique de l’État haïtien qui s’attend à ce que des gens auxquels il a refusé la citoyenneté exercent leur droit politique. Conséquemment, la monumentale désillusion qui en résulte entrave l’émergence d’un modèle économique équitable. Seulement voilà que le directeur général des Archives nationales d’Haïti, Wilfrid Bertrand, nous apprend que « Le quart de la population n’est enregistré nulle part et n’existe pas officiellement[3]. » Parlant du décret portant sur le Numéro d’identification nationale unique (NINU) et la Carte d’identification nationale unique (CINU), le patron des Archives nationales affirme que « Si vous connaissez la réalité haïtienne, vous saurez qu’il sera très difficile de faire atterrir le décret [4]». Comme l’indique le titre même de cet article de Robenson Geffrard, les Haïtiens sans acte de naissance sont au nombre de 3 millions. C’est donc la confirmation que Haïti est avant tout une capsule du temps saint-dominguois. Un système d’état civil obsolète ordonnance un apartheid qui enlève toute humanité à la masse afro-paysanne.
Durant ces trois dernières décennies, la surdétermination géopolitique a imposé la transformation de la première expérience de décolonisation en une république d’organisations non-gouvernementales. Ce redéploiement de la néo-colonisation a subtilement forcé la main à l’État haïtien à sous-traiter ses fonctions régaliennes. L’originalité de ce modèle politico-administratif réside dans la duplication de services quasi-inexistants. La dysfonction est assumée par le truchement d’une pléthore d’organismes. Leur simple existence renvoie plutôt à un État parallèle qui utilise les bons auspices de la philanthropie et de la coopération externe pour ordonnancer la dislocation. On pourrait citer le cas de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) et de l’Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF). Ces deux institutions se départagent la reddition des comptes entre le Parlement haïtien et la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSCCA). Il importe de souligner que la création de ces organes très spécialisés pour traiter des infractions et problématiques aussi complexes et transnationales telles que les crimes financiers, le financement du terrorisme, la drogue, le crime organisé et la vente d'armes déborde le cadre du combat contre la corruption.
Malgré notre image peu reluisante sur la scène internationale, notre classement très peu enviable de Transparency International et de la Banque Mondiale, il importe de placer d’abord la problématique de la corruption en Haïti dans le contexte historique du système politique et social haïtien. Notre appropriation de la chose publique qui affecte tous les rouages de l’État est avant tout un atavisme saint-dominguois. En effet, la mutation indépendantiste a reproduit le modèle colonial d’enrichissement illicite au dépens des plus faibles. Pourtant, le discours officiel a toujours affiché une détermination à combattre la corruption qui gangrène la société haïtienne. Mais, les mesures et sanctions pour crédibiliser cette volonté se font toujours attendre. Par-delà cette prise de conscience générale sur cette calamité, la société haïtienne attend que les recommandations et les conclusions formulées par l’ULCC et l’UCREF aboutissent enfin à la répression de la corruption. Il s’agit ici de dénoncer l’existence de cette mécanique mortifère dont la motivation essentielle a toujours été de renforcer les structures de la « société coloniale sans sanction ». A maints égards, tout semble indiquer que la corruption en Haïti relèverait plutôt de la fiction.
Qu’à cela ne tienne, l’important est de remonter à la genèse de notre panne d’inspiration. On y retrouve un système d’éducation qui ne promeut pas la créativité chez les jeunes écoliers haïtiens. Effectivement, tout se passe comme si l’innovation menaçait l’immobilisme d’une société préoccupée à jalousement protéger le paradigme du faire semblant. Pour illustrer ce phénomène, lisons ce passage de l’éditorial du 12 aout 2016 de Frantz Duval du journal Le Nouvelliste :
« La création du ministère actuel de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique date de 2006, ce pour le plus grand malheur de la jeunesse en particulier et tous les sports en général. Pour ce qu’il est de l’action civique, la manifestation la plus visible que cela relève de la responsabilité de ce ministère demeure les brigadiers scolaires que l’on remarque de moins en moins dans nos rues pour faire traverser enfants et vieillards aux heures de pointe[5]. »
Clairement, ce serait pléonasme de prouver la sinécure. Il s’agit d’une prime énorme à l’inertie, d’une récompense à la médiocrité et surtout d’un droit à une rente pour ne rien faire. A la vérité, la création de ce ministère est une conséquence de la participation haïtienne à la coupe du monde de football de 1974 en Allemagne. Depuis, la sélection nationale de football n’est jamais retournée à une phase finale. Alors, pour y remédier, la société haïtienne n’a pas trouvé mieux que de donner une procuration aux meilleures sélections de football du monde pour représenter Haïti. Pendant la durée des compétitions, l’administration publique fonctionne au ralenti et la vie nationale s’arrête aux heures de match. Les pulsions chauvines décorent quartiers, ornent les maisons et les voitures. Dans une atmosphère de convivialité excessive, les Haïtiens demeurent plantés devant leurs téléviseurs. Pour donner plus d’éclat à l’ambiance festive, ils arborent fièrement les couleurs des meilleures équipes du monde dont l’Argentine, le Brésil, l’Allemagne, etc. Durant ces moments de dissidence identitaire assumée, le public haïtien ne supporte aucune équipe africaine.
Evidemment, l’incertitude du lendemain suscite toujours un élan vers l’irrationnel. Aussi, la société haïtienne ne rate-t-elle jamais l’occasion de basculer dans le délire. La religion du football est devenue le nouvel opium collectif qui maintient un état d’ébriété permanent. Les soucis sont ainsi apaisés dans l’évasion du réconfort trompeur des matchs. Jamais pareille passion n’a exacerbé autant de déraison au point où il y a lieu de reconnaître les manifestations d’une schizophrénie collective. Franchement, en quoi un but de Messi peut-il aider à une meilleure compréhension des urgences haïtiennes ? Pour parachever l’émasculation de la société haïtienne, on se rappelle que les dépositaires de l’ordre colonial avaient commandité la mise en orbite de la carnavalisation permanente lors du mauvais tournant de 1957. Aussi, la négritude cosmétique s’était-elle donnée pour véritable mission de maintenir dans l’ignorance la plus abjecte les « fils et filles de l’arrière-pays », une expression chère à François Duvalier lui-même. Ainsi, la société haïtienne croquée à la sauce du 22 septembre 1957 assista à l’abrutissement de la jeunesse. On connaît les résultats de cet encanaillement généralisé.
Le syndicat néocolonial et les grands électeurs du Core Group avait anticipé que l’expérimentation de la démocratie qui légalise les « bandi legal » serait un pari gagné « tèt kalé ». Déjà, l’occupation américaine avait pris une sérieuse longueur d’avance. C’est ce que révèle Emily Greene Balch dans son rapport au président américain Calvin Coolidge dans lequel la Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté déclare :
« Nous préparons les Haïtiens à être des subordonnés à travailler sous les autres, lesquels prennent les responsabilités. Nous leur enseignons à accepter le contrôle militaire comme la loi suprême et à acquiescer à l’usage arbitraire de l’autorité[6]. »
D’une manière générale, le comportement des Haïtiens semble donner raison à de pareilles affirmations. Notre subalternité permet à l’étranger de faire les mêmes coups. Probablement, le fait que la méduse vit sans squelette ni cerveau semble avoir donné beaucoup d’espoir aux VSN ou « volontaires de la servitude nihiliste ». A bien observer, la société haïtienne est molle, dépourvue de poumons et de sang comme cette curiosité sans queue ni tête du règne animal. Sans droite ni gauche, la méduse est ainsi rangée au début de la classification zoologique, juste après les éponges.
La dévalorisation du savoir a entrainé la perte de l’âme des Haïtiens. Ces derniers n’arrivent pas à réfléchir pour sortir du trou qu’ils ne cessent de creuser. Il s’agit de dénoncer ici cette ingénierie sociale dont la mission essentielle consiste à reproduire la pauvreté pour le plus grand nombre. Pour ceux qui en douteraient, rien que pour cette décennie qui commence après le tremblement de terre, parmi les occasions loupées on pourrait citer la reconstruction et le développement d’un pôle de croissance après l’ouragan Mathieu. Pire, les Haïtiens allaient se perdre encore une fois en acceptant que ces défis soient confiés à un certain roi du carnaval. De là, toute cette opération de faire semblant pour ordonnancer le siphonage systématique des « fonds pétrocaribe ». Evidemment, la société haïtienne carbure au simulacre d’un faux vivre ensemble pour masquer l’apartheid et éviter la question éthique comme la peste.
Citant Himmler Rébu qui occupait le poste de ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique, Duval revient à la charge en écrivant :
« Il faut se rappeler les propos d’Himmler Rébu qui ne pouvait pas trouver un simple moniteur sportif dans son ministère pour comprendre comment le sport, au plus bas niveau, n’est pas dans l’ADN de cette administration qui brûle des millions de gourdes de budget chaque année depuis des décennies, sans résultat, mais surtout sans recherche de résultat[7]. »
Dans ce contexte d'incivisme, d’inculture et de nihilisme arrogant, cette manière de procéder est devenue une réalité incontournable. Les voies de la bêtise se sont élargies pour que le « brain wash » de la jeunesse triomphe dans l’apothéose d’un abrutissement programmé qui a donné naissance au phénomène sociétal « car wash ». Encanaillement collectif et national qui s’origine dans l’obscurantisme du mauvais tournant de 1957. Encanaillement qui a remplacé les choses de l’esprit et qui prolifère l’insécurité. Encanaillement qui alimente aussi l’humour pour tourner en dérision ceux qui égrènent le chapelet du ridicule. Pour s’en convaincre, on n’a qu’à décoder les messages subliminaux de la malice populaire sur les réseaux sociaux. Ces temps-ci, le sarcasme, la parodie et l’humour sont devenus des formes privilégiées de contestation. Sous le règne sans partage des « sen denden », les Haïtiens ne savent à quel saint se vouer. La situation se serait tant dégradée ces jours-ci que seul l'humour arrive à tromper la morosité ambiante pour servir d’exutoire collectif[8].
Le bateau haïtien est à la dérive. L’impasse est totale. La population est aux abois. Cependant, ce n’est pas tant la panne d’inspiration, c’est surtout l’absence de la pensée critique qu’il faut déplorer. En ces temps de paralysie, il importe encore une fois de souligner la sédimentation de l’imaginaire saint-dominguois dans les consciences publiques. D’où ce particularisme aveugle et têtu à l’intérieur duquel s’est renfermée la société haïtienne. L’essentiel est cette distance qu’il faut prendre par rapport au nihilisme qui crée les meilleures conditions pour les sauts dans le vide comme la caravane du « bonhomme banane ». C’est avec cet état d’esprit qu’il faut aborder la création d’une cellule scientifique pour faire face à la pandémie Covid-19. Dans la circulaire qui a dévoilé les membres de cette cellule, il a été indiqué que celle-ci a tous les moyens nécessaires pour mener ses activités en son siège au ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP).
« Après sa création, la cellule scientifique chargée de collecter et de traiter les données sur l’épidémie de coronavirus afin de produire des recommandations à l’Etat s’est vite retrouvée comme un enfant abandonné. Sans bureau, sans budget et sans moyens de fonctionnement, cette « importante » structure mise en place par le gouvernement remplit sa mission non pas sans peine. [9]»
Evidemment, ils ne sont pas légion ceux qui avait anticipé que la « soulouquerie » rose se terminerait en un total carambolage. L’interchangeabilité des décérébrés et la promotion des discours sans substance assurent le triomphe du « tout voum se do » et maintient la société haïtienne dans la nuit. Cependant, ce n’est pas tant leur nomination mais plutôt le fait que des « sous-doués » préformattés aient accepté le poste de ministre de la culture qui mérite examen. On retiendra surtout que, depuis le mauvais tournant de 1957, les Haïtiens ne se reconnaissent aucune limitation. Comme s’il ne suffisait pas de basculer le pays vers un processus de dé-démocratisation, Papa rat a laissé une nombreuse descendance. Pour arriver à l’invasion des « dokto-rat » qui mangent à tous les râteliers, il a fallu passer par le « gwo mal rat » de 1971. L’intronisation du cancre de 19 ans, la « soulouquerie rose » et le « bonhomme banane » ont si tellement enfoncé le clou que la bonne gouvernance qui commence avec la « gouvernance de soi » ou l’« autolimitation de soi » apparait comme une tâche de Sisyphe pour la société haïtienne impuissante devant la prolifération des « kokorat » et la multiplication des « rat pa kaka ».
En plus du bovarysme culturel, il y a aussi cet ordre social dans lequel chacun a son vaurien et surtout notre comportement asocial qui ne laissent aucune place pour une interprétation en dehors d’une approche ethnopsychiatrique. Le dérèglement comportemental sans précédent auquel nous assistons ces jours-ci suggère que le recours à la psychanalyse pourrait atténuer la distorsion des subjectivités. Au risque de nous répéter, dans cet univers où tout existe en quelque chose qui le dénie en même temps, l’important est de ne pas perdre la tête et de maintenir une bonne santé mentale. Comme le suggère Raymond Devos, le rire est une chose sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter. Rire pour survivre. Rire pour ne pas mourir d’indignation. Rire aussi pour résister. Rire surtout pour ne pas perdre le nord et s’abriter face à la pluie d’arrêtés et de décrets présidentiels. Enfin, rire pour comprendre que « komisyon pa chay ».
En effet, les commissions présidentielles ne se comptent plus. A l’instar des précédentes, le professeur Wilcox Toyo, membre de la cellule scientifique chargée de collecter et de traiter les données sur l’épidémie de coronavirus, raconte une bien familière déconvenue :
« Je me suis rendu à plusieurs reprises dans le département du Sud-Est. J’ai été aussi dans le Sud et dans plusieurs autres endroits pour observer de près les faits. Ces déplacements, je les ai effectués avec mes propres fonds.[10] »
La rationalisation de l’absurde et le nihilisme ont toujours concomitamment assuré le triomphe du faire semblant. Prenant son courage à deux mains, M. Toyo affirme que jusqu’à cette date on ne leur a jamais présenté leur bureau. Selon le journal Le Nouvelliste, la cellule de communication sur la pandémie n’a pas eu un meilleur sort que la cellule scientifique. Elle n’a été qu’un enfant mort-né. Partant de ces considérations, il importe de reconnaitre que la monumentale dégradation s’attaque à tout. Cependant, les Haïtiens aiment marteler souvent tant vaut l’école, tant vaut la nation. Aussi, pour vraiment comprendre comment la société haïtienne ait pu arriver à ce stade de décomposition avancée, importe-t-il de s’attarder sur notre système d’éducation. Lisons cette observation du journaliste Jean Pharès Jérôme :
« Comme dans presque tous les domaines, l’État dans l’éducation est un canard boiteux. Le secteur privé profite de la faiblesse de l’État pour s’emparer du système éducatif qu’il contrôle à 80%. Les résultats sont là pour montrer que le laisser-aller n’est pas le meilleur choix en matière d’éducation. Chez nous, l’éducation est devenue tristement une marchandise échappant à tout contrôle étatique. Le principal rôle du Ministère de l’éducation se résume en l’organisation des examens officiels[11]. »
En prenant en compte les résultats dans tous les départements géographiques, en 2016 on recensait 45,962 admis sur 166,662 participants, soit un pourcentage de réussite global de moins de 30 %. Toutes proportions gardées, avec les ajournés au nombre de 65,152, il s’agit d’une véritable hécatombe. A la vérité, la débâcle qui doit nous interpeller est cette inefficience de l’État qui s’abreuve à la source même de nos écoles et universités. Mais, quoique catastrophiques, ces résultats représentent en fait l’arbre qui cache la forêt. Franchement, si les idées mènent et transforment le monde, on est en plein droit de se demander quels sont les courants de pensée qui traversent la société haïtienne. Le décervelage de la jeunesse continue dans l’enceinte même de certaines institutions qui n’arrive pas à interdire la consommation d’alcool. Pour les incrédules, nous avons pu vérifier au restaurant d’un campus universitaire de la capitale dont nous nous gardons de mentionner le nom que la bière est effectivement le produit le plus vendu. La situation à l’entrée de bâtiments logeant certaines écoles secondaires n’est pas si différente. Les débits de « clairin trempé » sont exposés sans gêne pour attirer les consommateurs. Les journées dites récréatives sont toujours bien arrosées. C’est l’aboutissement du mauvais tournant de 1957 qui a mené tout droit vers un modèle ludique, jouissif et hédoniste « tèt kalé ».
Pendant ce temps, gestionnaires et comptables continuent de recevoir chaque année leur diplôme de licence. Mais, le pays n’a jamais été aussi mal administré. Haïti importe presque tout mais nous continuons à répéter qu’Haïti est un pays essentiellement agricole. Pour les impératifs de cette mystification, la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire continue de former des agronomes-bureaucrates. A maints égards, tout semble indiquer qu’une grande calamité à dimension biblique s’est abattue sur la première expérience de décolonisation. Etonnement, les Haïtiens ne ratent jamais une occasion de parler des « secteurs vitaux de la nation » alors que la désarticulation s’attaque à tout. Les médecins anémient le système de santé. Les agronomes détruisent l’agriculture. L’université vend le savoir en détail. Les différentes écoles et facultés de droit sont des moules à fabriquer les « vendeurs du temple » et spécialistes de la spoliation. Ces personnages obscurs sont friands d’héritages en litiges et organisent l’impunité. On s’explique ainsi que la justice soit sélective et que les juges se vendent ou s’achètent.
Puisque l’autodérision risque de ne pas connaitre du succès dans une société d’égocentriques et d’excentriques, la légitime défense justifie l'humour pour tourner en dérision ces personnages éminemment folkloriques. Suivant ce cheminement, l’humour peut rendre tolérable l’insoutenable tragédie haïtienne. L’essentiel consiste à éviter de tomber dans le piège de la rationalisation de l’absurde. Comme l’a dit le comédien français Coluche, « La chambre des députés : la moitié est bonne à rien. Les autres sont prêts à tout. Un exemple ahurissant fut le cas d’un président de la chambre des députés[12] reconduit par acclamation. Voici comment le journaliste Noclès Dubréus expliqua la farce :
« Contrairement au Sénat, à la Chambre des députés, l’élection du bureau a été une simple formalité. Le président Cholzer Chancy a été reconduit à son poste par acclamation ainsi que le vice-président aux séances Jacques Saint-Louis. Les députés ont aussi renouvelé leur confiance en Gary Bodeau en le reconduisant comme questeur[13]. »
La formule de la chambre des députés inspira la reproduction de la mascarade au Sénat. La politique genre étant le nouveau cheval de Troie du statu quo, Dieudonne Luma Étienne, unique femme au sénat de la république, fut installée comme la première secrétaire du bureau. Ajoutant à la parodie, elle se devait de dire : « Je n’ai jamais eu besoin qu’on me fasse de cadeau[14]. » On a aussi en mémoire cette phrase célèbre d’un « Honorable » qui en pleine séance lâcha tout bonnement : « je ne suis ni pour ni contre, au contraire ! » (Sic) Dans une capitale haïtienne qui autrefois comptait plus d’une trentaine de salles de spectacle, il importe de mettre sous les feux des projecteurs les vilains « sympathiques » et les voyous « fréquentables » qui bénéficient de la complicité inconditionnelle de certains journalistes. Singulier petit pays où la presse est la plateforme logistique de toutes les coalitions réactionnaires.
Cependant, il est navrant qu’on ait cru pendant trop longtemps que la société postcoloniale émergea en totale rupture avec les présuppositions de la traite, de la colonisation et de l’esclavage. Au risque de nous répéter, cette césure n’a été qu’à la surface. La somme de tous les dangers que nous vivons aujourd’hui est le résultat de la précarité organisée et entretenue par le formatage colonial. Cette « colonialité » a amplifié tous les dégâts à travers un modèle économique intrinsèquement raciste et antidémocratique qui maintient la première expérience de décolonisation en apesanteur. Aussi, ce système sociopolitique d’ordonnancement et de hiérarchisation de l’apartheid colonial a-t-il accouché d’une vaste opération de faire semblant. Cette expression, qui date du 18e siècle, provient de l'ancien français. A l'époque l'expression était « montrer semblant », et signifiait « simuler ». C’est donc cet état d’esprit qui domine les budgets et qui alloue toujours la part du lion au pouvoir exécutif. Alors, les économistes haïtiens ne ratent jamais de recycler les mêmes litanies et lapalissades.
Cependant, il est à déplorer qu’on n’arrive pas à transformer ces débats en de véritables moments pédagogiques. Franchement, notre appropriation de la chose publique que nous traitons en butin de guerre mérite attention. L’essentiel à retenir est que le budget reconduit les mêmes dispositions du colon qui avait enlevé toute humanité au captif africain. Cet apartheid imprégnant l’élaboration et l’exécution du budget laisse entrevoir aussi d’autres volets de la thématisation de la pathologie de l’afro-descendant. Le budget n’est pas uniquement un outil de gestion. Dans le contexte haïtien, il peut être vu comme un des baromètres de notre état sociétal. Fort de ces considérations, il importe que les économistes haïtiens recyclent leur cadre de pensée et fassent davantage appel à l’anthropologie, à la sociologie et à l’histoire pour mieux aborder la problématique haïtienne. Ainsi, ils éviteront de répandre des hérésies du genre que nous sommes les seuls responsables de nos malheurs. Il importe donc de marteler que les sciences économiques sont avant tout une discipline des sciences humaines et sociales.
Qu’à cela ne tienne, ce modèle économique à reproduire la misère n’avait pas manqué d’interpeller l’agronome - généticien Gaël Pressoir. Pour l’exercice 2014-2015, la tragédie haïtienne l’avait poussé à l’exaspération lorsqu’il dit :
« En même temps que la stagnation du PIB, l’importation d’Haïti explose. On est dans un modèle économique qui n’est pas du tout soutenable. Un déficit commercial très important qui, heureusement, dit-il, est en grande partie compensé par les transferts courants de la communauté internationale mais surtout de notre diaspora qui transfère à peu près 2 milliards de dollars. Et sans ces deux milliards, notre balance commerciale serait très déficitaire[15]. »
Une situation révoltante qui, selon Gaël Pressoir, fait de nous :
« Un État rentier parce que 75% de nos devises, ce n’est pas quelque chose qu’on reçoit en échange d’un travail mais plutôt parce que nous sommes pauvres. En fait, on est un pays subventionné par le monde entier et surtout par les Haïtiens vivant à l’étranger parce qu’on est pauvre. Il y a des pays qui ne travaillent pas mais qui ont du pétrole, comme source de devise, par la chance de l’histoire. Mais nous, on reçoit nos devises en échange de notre misère[16]. »
Dans ses carnets de prison, Antonio Gramsci se devait d’écrire : « Il faut allier le pessimisme de la raison à l'optimisme de la volonté ». Indépendamment de notre interprétation de la raison et de la volonté, comment éviter les lieux communs pour aborder cette conclusion ? Comment bifurquer les tares pour ne pas détruire l’espoir ? Selon nous, la maison haïtienne a été construite sur le sable mouvant de la transplantation. En toute franchise, peut-on vraiment parler de sa reconstruction ? Si les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets, Haïti doit être refondée sur un nouveau socle sinon elle risque de disparaitre. Il y a donc une nécessité de reprendre la problématique haïtienne depuis la traite jusqu’à nos jours. Mais, comment aller au-delà de ce que nos ancêtres n’ont pas pu faire ? Plus près de nous, y a-t-il des recherches sociologiques et anthropologiques qui se font actuellement aux universités haïtiennes ? Existe-t-il encore une socio-anthropologie haïtienne ? Si oui, quels sont ses courants dominants ? Et surtout, comment appréhendent-ils la première expérience de décolonisation ?
De l’évolution de la société postcoloniale, on doit retenir le silence des outils et référentiels. La complexité et la sophistication nécessaires à l’élaboration une vision stratégique pour construire l’Etat-Nation font toujours défaut. Si, au lendemain du 1er janvier 1804, il fallait prendre les voies et moyens pour préserver les acquis de l’indépendance, comment expliquer qu’il existe encore en Haïti des poches, en réalité des capsules du temps, qui nous permettent de retourner vers un autre âge ? La race humaine a muté mais la société haïtienne est restée figée dans une posture saint-dominguoise. Nos repères et jalons n’ont pas emboité le pas à la science et aux technologies. A travers une conscience éminemment mystique, les Haïtiens tentent d’expliquer et comprendre le monde. A considérer le temps d’adoption des technologies, en quoi la prévalence de la pensée magico-religieuse permet-elle de réduire l’écart ? Quelle est donc la réponse de cette conscience mystique face à un monde de plus en plus exponentiel et numérique dominé par le logiciel et l’intelligence artificielle ?[17]
Néanmoins, en réintroduisant la variable internationale, nous postulons que le mensonge historique de la démocratie néocoloniale a fait croire que le développement d’Haïti impliquerait uniquement l’application des outils et référentiels européocentriques. S’il a récemment abouti au développement de l'Europe, le prisme de ce paradigme dans son entêtement à ignorer l’état sociétal de la postcolonie s’est révélé inefficace d'un point de vue structurel, fonctionnel et organisationnel. Il s’agit ici de reconnaitre une subtilité fondamentale entre le sociétal dépeignant une évolution subie ou des phénomènes non voulus ni souhaités tandis que le social suppose un phénomène créé. Evidemment, la complexité de la situation sociétale haïtienne a été totalement mise entre parenthèses par le système éducatif déployé par le clergé concordataire depuis 1860. On s’explique ainsi cette sédimentation des subjectivités dans l’inconscient collectif. La fatalité est ainsi devenue l’élément central de la doxa haïtienne.
Selon nous, ce déni par rapport aux traumatismes de la transplantation représenterait la manifestation collective de troubles schizoïdes. Cette pathologie expliquerait la prévalence des rapports sociaux faussés. En effet, la personnalité schizoïde perçoit mal les émotions d'autrui ainsi que les siennes. Aussi, les Haïtiens entretiennent-ils une marginalité volontaire et se considèrent comme des spectateurs en transit. Ils réagissent peu aux réflexions, motivations et buts poursuivis. Entre la personnalité schizoïde et le trouble schizophrénique, la ligne de démarcation n’est pas souvent visible. Parmi les symptômes les plus courants de l’émoussement affectif, on pourrait mentionner la mimique froide et le rictus amer qui renvoient directement à la reviviscence des états de stress posttraumatique. D’une manière générale, l’impact des spectres de la transplantation sur la machinerie sociale continue d’être négligé. La tragédie haïtienne s’origine dans la perturbation psychologique de ses enfants qui éprouvent un besoin insatiable de reconnaissance.
En effet, la psychologie tordue « tikoulout » et « bakoulou » pousse les Haïtiens à désespérément combler leur vacuité d’être avec les postes politiques « bayakou ». Or, la correction des inégalités dont la sévérité continue de s’accroitre avec acuité exige justement une volte-face des comportements individuels et collectifs. On a vu la première rencontre de l’Afrique avec les Arabo-musulmans mettre la traite négrière en orbite. Dans une très large mesure, Haïti est la résultante pathétique de la rencontre de l’Afrique avec l’Occident chrétien. Récemment, la Chine est devenue un créancier de plus en plus important pour le « développement » du continent africain. Les ressources naturelles, les minerais et les hydrocarbures aident à rembourser les dettes. Elles sont donc nombreuses les cultures et civilisations qui sont restées figées, et qui n’ont jamais pu anticiper la rencontre avec l’autre. Bien entendu, la conclusion qui s’impose suggère une confrontation entre différentes cosmogonies dans leur interprétation du monde. Il appert de plus en plus que la communion avec les éléments semble être la préoccupation de l’une tandis que d’autres paraissent obsédées par la domestication et l’exploitation des ressources.
Alors, pour créer les conditions d’un nouvel environnement, l’investissement dans les sciences et l’éducation doit être massif. C’est à ce prix seulement que l’ajustement culturel pourra contribuer au changement de la mentalité. Par exemple, il y a une nécessité de sortir de l’obsession égalitariste pour donner une plus grande place à la compétitivité. Quoiqu’on dise, nous avançons que la postcolonie a encore la capacité de déployer d’autres horizons. Mais pour y arriver, nous devons avoir le courage de faire une révolution de la pensée contre une société qui combat l’innovation. L’absence de savoir et de main d’œuvre qualifiée continue de représenter un défi de taille que la postcolonie n’a jamais pu relever. La société haïtienne naquit avec un déficit en sciences, techniques, technologie, information et savoir-faire. Comme si cette carence en capital intangible ne suffisait pas, d’autres fondamentaux de la fonction de production faisaient défaut également. Le capital et surtout les ressources humaines étaient absents.
Effectivement, le nouvel État n’avait pas les cadres administratifs nécessaires pour procéder à la gestion de son patrimoine domanial. Parmi les raisons évoquées pour ce déficit, il y a lieu de reconnaitre le départ des « esclaves à talents » avec leurs maîtres. Ce vacuum que la nouvelle société n’a pas pu combler est expliqué par Justin Girod-Chantrans en ces termes :
« Ces esclaves à talents avaient la maitrise de nombre de métiers nécessaires à la productivité de la plantation. Ils étaient guildiviers, forgerons, charpentiers, tonneliers, tailleurs de pierre, selliers et maçons. Les maîtres parfois les louaient à d’autres plantations pour leurs services contre rémunération[18]. »
Ce n’est donc plus à démontrer que la fuite des cerveaux et l’embargo sur le savoir ont couté aussi cher que la liberté arrachée. Selon Vertus Saint-Louis, la réparation et l’entretien des meuneries ont été considérablement négligés. Le fer des moulins a été remplacé par le bois entrainant ainsi une baisse considérable du rendement[19]. Cela n’a pas été sans conséquences sur la production sucrière dont le volume et la qualité ont considérablement été affecté. Comme résultat, le sucre non raffiné ou rapadou a significativement augmenté par rapport à la production de sucre terré (semi-raffiné)[20].
En levée de rideau, la nouvelle société s’accommoda de l’absence de la pensée critique. En témoigne la disparition du « Cercle des Philadelphes » établi au Cap-Français de 1784 à 1793 qui n’a pas survécu aux troubles de Saint-Domingue[21]. Après trois siècles d’asservissement, les Haïtiens voulaient vivre une « liberté sans bornes ». Pendant que l’anarchie s’installait dans le régime foncier, la main d’œuvre pour le travail agricole diminuait. En effet, les données du recensement de 1805 indiquent que la population était passée de 520 000 habitants en 1789 à 380 000. Pour retourner au modèle économique de la plantation, il manquait surtout une intelligentsia pour s’attaquer à la problématique de la recapitalisation. Comme l’indique Robert K. Lacerte[22], il fallait 51 millions de francs pour réhabiliter 793 plantations de canne à sucre, 20 millions pour les 3117 plantations de café, 24 millions pour les 3906 plantations de coton, d’indigo et de produits vivriers. Haïti naquit anémiée avec, en plus, un complot contre le savoir bien entretenu par la France. Ce dernier aspect est abordé par Vertus Saint-Louis ainsi :
« Le retard en connaissance et science fournit un angle sous lequel on peut saisir la situation dramatique de la nation haïtienne en 1804. La France, qui a tant exploité Saint-Domingue, y a organisé la conspiration de l’ignorance et y a entretenu le préjugé de couleur qui sera un levain de division au sein de la société haïtienne [23]. »
En raison de cette source de tares à laquelle notre panne d’inspiration s’abreuve continuellement, le recyclage des idées dominantes de la « colonialité » donna toute sa consistance au nihilisme. La société haïtienne trop occupée à perpétuer le triomphe ostentatoire du faire semblant se retrouva ainsi anémiée. On s’explique ainsi que la problématique du faible niveau de connaissance de la population soit restée marginale. Pour avoir sous-traité l’éducation au clergé concordataire, la panne d’inspiration se régénère dans une déroutante continuité. L’agenda caché de ce système d’éducation consiste à toujours perpétuer la logique inégalitaire de la séparation des classes sociales. Aussi, importe-t-il de reconsidérer le rapport entre le système éducatif et la société. L’école doit être un instrument au service de la socialisation et de l’intégration afin de garantir la reproduction du corps social à travers un modèle économique équitable. Celle-ci doit tenir compte des nouveaux défis de la société moderne pour remédier, entre autres, à l’absence de créativité et d’innovation. S’il importe d’assurer les liens entre les cultures traditionnelles et la science à travers un processus qui permettrait d'engager le développement réel et durable, cette problématique mérite examen.
Afin de sortir de la nuit, il importe d’approfondir la réflexion pour rompre avec le faire semblant. Qu’on nous comprenne : comment expliquer toute cette créativité et cet esprit d’innovation chez nos cousins afro-américains ? Ces derniers jusqu’à présent en pleine lutte pour leurs droits civiques ont dépassé le cliché réduisant leur contribution à la musique et au cinéma. Leurs nombreuses inventions devraient au moins nous porter à briser notre miroir menteur. En attendant, le modèle économique haïtien ne peut plus continuer à ignorer la croissance pour une meilleure répartition de la richesse. Sinon, une notion fondamentale comme la recherche et le développement (R&D) restera exotique par rapport à la société haïtienne. Se libérer du joug de cette apesanteur implique le reformatage du cerveau haïtien à travers une totale réforme de notre système d’éducation. Ainsi, l’école haïtienne cessera de reproduire en série des armes de destruction massive que sont nos élites et politiciens.
[1] Louis-Joseph Janvier, Les Constitutions d’Haïti, Paris, Marpon et Flammarion, 1986, p. 74.
[2] « Les notes de Roger Gaillard » dans Anténor Firmin, « Mémoire de Firmin au Département d’État », Conjonction, no. 126, Juin 1975, p. 149.
[3] Robenson Geffrard, « Environ trois millions d’Haïtiens n’ont pas d’acte de naissance », Le Nouvelliste, publié le 18 juin 2020, https://lenouvelliste.com/article/217550/environ-trois-millions-dhaitiens-nont-pas-dacte-de-naissance
[4] Ibid.
[5] Frantz Duval, « Et le Ministère tua le sport », Le Nouvelliste, publié le 11 avril 2017, http://www.lenouvelliste.com/m/public/index.php/article/162063/et-le-ministere-tua-le-sport
[6] Emily Greene Balch, ed., Occupied Haiti, New York, The Writers Publishing Company, Inc., 1927, p. 153.
[7] Frantz Duval, « Et le Ministère tua le sport », Le Nouvelliste, publié le 11 avril 2017, http://www.lenouvelliste.com/m/public/index.php/article/162063/et-le-ministere-tua-le-sport
[8] Alin Louis Hall, « L’humour : thérapie ou résistance », Le National, publié le 27 mars 2019, http://lenational.org/post_free.php?elif=1_CONTENUE/tribunes&rebmun=966
[9] Edrid St Juste, « Sans moyens de fonctionnement, la cellule scientifique opère », Le Nouvelliste, publié le 22 mai 2020, https://lenouvelliste.com/article/216458/sans-moyens-de-fonctionnement-la-cellule-scientifique-opere
[10] Ibid.
[11] Jean Pharès Jérome, “Baccalauréat 2016, la débâcle qui doit nous interpeller”, Le Nouvelliste, publié le 6 septembre 2016, http://lenouvelliste.com/article/162906/baccalaureat-2016-la-debacle-qui-doit-nous-interpeller
[12] Cholzer Chancy
[13] Noclès Débréus, “Les députés avancent, le Sénat stagne !”, Le National, publié le 10 janvier 2017, http://www.lenational.org/deputes-avancent-senat-stagne/
[14] Winnie H. Gabriel Duvil, “Dieudonne Luma Étienne, seule femme au Sénat de la République”, Le Nouvelliste, publié le 27 janvier 2017, http://lenouvelliste.com/article/167816/dieudonne-luma-etienne-seule-femme-au-senat-de-la-republique
[15] Gary L Cyprien, « Quand l’importation massive tue la production et l’économie locales », Le Nouvelliste, 7 décembre 2016,
[16] Ibid.
[18] Justin Girod-Chantrans, Voyage d’un Suisse dans différentes colonies d’Amérique, Neuchâtel, 1785, p. 162-163.
[19] James E. McClellan III, Colonialism and Science – Saint Domingue and the Old Regime, University of Chicago Press, 2010, p. vii
[20] Leslie Péan, Comprendre Anténor Firmin – Une inspiration pour le XXIe siècle, Editions de l’Université d’État d’Haïti, 2012, pp. 48-49.
[21] Maurel B. Une société de pensée à Saint-Domingue, le « Cercle des Philadelphes » au Cap-Français. In : Revue française d’histoire d’outre-mer, tome 48, no 171, deuxième trimestre 1961, pp. 234-266.
[22] Robert K. Lacerte, « Xenophobia and economic decline: The Haitian case 1820-1843 », The Americas, 1981, p. 507.
[23] Vertus Saint-Louis, « Sucre, science et révolution à Haïti », https://www.montraykreyol.org/article/sucre-science-et-revolution-a-haiti, 2007, p. 11.
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