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Haiti - Observateur: Martelly, Toujours pas de chance d’une rencontre avec Obama

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MICHEL MARTELLY BIENTÔT AU POUVOIR DEPUIS DEUX ANS

À part l'ambassadeur haïtien à Washington, aucune chance pour un autre officiel d'Haïti de participer à la cérémonie d'investiture du président américain

SOURCES COMBINÉES, 15 janvier — Les nombreuses démarches menées par Michel Martelly afin de sécuriser une invitation pour effectuer une visite auprès du président américain ont débouché sur le néant. Les espoirs qu'il avait misés sur l'occasion offerte par la prestation de serment de Barack Obama pour faciliter la concrétisation de ce rêve se sont évanouis. Car, non seulement le locataire de la Maison-Blanche, sur le point de commencer son second mandat, n'avait aucune intention d'inviter son homologue haïtien à Washington, le Protocole de la Maison-Blanche et du Département d'État limite la participation aux cérémonies d'investiture du président au Corps diplomatique.

En effet, à l'occasion de l'événement devant marquer l'entrée en fonction officielle de M. Obama pour son second mandat présidentiel, Martelly et ses hommes se mettaient en tête qu'une nouvelle occasion allait être offerte pour solliciter une invitation. Les intermédiaires sur qui le président haïtien comptait pour réussir ce projet n'ont pu livrer la marchandise. À la vérité, les officiels américains ne lancent pas d'invitation aux chefs d'État et de gouvernement à l'occasion de la prestation de serment du président américain. Car, fait-on remarquer, la présence de tant de dignitaires étrangers obligerait les dirigeants à mobiliser des ressources dont le pays ne dispose pas en vue d'assurer la sécurité des hôtes étrangers. C'est pourquoi les invitations sont lancées pour les diplomates étrangers qui doivent faire figure de représentants de leurs présidents et Premiers ministres.

En clair, le président Mar tel -ly devra trouver une autre occasion pour relancer ces démarches, forcé de se résignant à prendre le risque de confier cette initiative à d'autres personnes ayant les possibilités de trouver une réponse favorable. Car, immédiatement après son accession à la présidence, le chanteur du compas s'était mis en tête qu'une rencontre avec le président américain allait se réaliser dans le plus bref délai. Cette idée a été renforcée par sa visite auprès de la secrétaire d'État Hillary Clinton, à la tête d'une délégation composée, entre-autres, de Laurent Lamothe, Daniel Supplice, Richard Morse (récemment démissionnaire de sa fonction de conseiller spécial du président Martelly, qui est aussi le cousin de Martelly. Cette première rencontre avec Mme Clinton faisait miroiter au président élu la solennité d'une rencontre avec son homologue américain. Au fil des mois, les personnes à qui avait été con -fiée la responsabilité de tâter le terrain n'avaient rien de positif à rapporter au président Martelly.

Pendant ce temps, à la capitale haïtienne, des personnes proches de la présidence ont affirmé que le chef d'État haïtien avait toujours cru que l'ex-président américain Bill Clinton pouvait aider à aménager une rencontre pour lui avec le président Obama. On croit savoir qu'à la faveur de ses démarches initiales, M. Clinton avait vite compris qu'il devait se garder de continuer, car il n'aurait aucune chance de « vendre la marchandise ».

Or cela vaut aussi pour Laurent Lamothe, qui ne serait pas persona grata auprès du Départe ment d'État. Mais pour des raisons différentes. En effet, par le biais de l'ambassade des États-Unis, à Port-au-Prince, le Département d'État a suivi en première loge la saga du processus de ratification de Lamothe comme Premier ministre. Les acrobaties qu'il a faites, surtout les dénonciations jugées« crédibles » selon lesquelles il aurait distribué des pots de vin aux sénateurs et députés appelés à examiner son dossier avant de voter pour ou contre sa ratification.

Le voyage que M. Lamothe a fait à Washington ne s'est pas déroulé dans une atmosphère de sérénité et de convivialité, comme s'était le cas à l'occasion de telles visites effectuées par des prédécesseurs de l'actuel Premier ministre. À Washington, par exemple, lors du passage de Lamothe, on n'a pas manqué de faire état de la différence qu'il y avait entre la visite de Lamothe et celle qu'avait faite au Département d'État le Premier ministre Gary Conille durant sa brève occupation de la primature.

On prétend aussi que les services de renseignement américains ne dormaient ni ne chômaient quand ce même Lamothe faisait le tour des pays africains distribuant des millions en guise de pots-de-vin au dirigeants pour obtenir des contrats en faveur de sa compagnie, ayant voulu s'y implanter comme dispensatrice de service dans le domaine des télécommunications

En tout cas, on affirme, tant dans les milieux d'affaires que diplomatiques, à la capitale américaine, que les numéros 1et 2 de l'Exécutif haïtien se valent dans la pratique de la corruption.

Face à ce refus, qui prend l'allure d'une rebuffade, Michel Martelly avait donné l'impression qu'il s'intéressait plutôt à renforcer les relations avec les voisins d'Amérique latine et d'autres pays du sud. D'où la mise sur pied de la stratégie dite« diplomatie d'affaires » échafaudée par Laurent Lamothe. Dans la jugeote de l'équipe Martelly-Lamothe une telle politique allait pouvoir « faire marcher les Américains », qui seraient inquiétés par les manœuvres de Martelly avec les pays affichant et prônant l'indépendance politique et diplomatique par rapport à Washington. Le renforcement des relations sud-sud, dont l'équipe Martelly-Lamothe a fait le centre de sa diplomatie, s'inscrit dans le cadre de cette stratégie.

Martelly tenu à distance dès le début

Les relations entre Barack Obama et Michel Martelly n'ont jamais été au beau fixe. Pour des raisons connues en partie par la suite, Barack Obama avait, dès le début, décidé de tenir le nouveau président haïtien à distance. C'est sans doute cette attitude qui a déterminé l'entourage du chef d'État américain à éviter de faire le suivi de toute demande d'invitation de M. Obama en faveur du président haïtien.
Dans les milieux diplomatiques proches de la Maison Blanche et du Département d'État, à Washington, il se répète que tenir Martelly à distance aurait été une décision prise délibérément afin de protéger Obama contre la réputation d'excentricités et de grossièreté que Sweet Mickey, devenu président Martelly, a affichées durant sa carrière de musicien du compas direct. On rapporte aussi que, même si M. Obama n'avait jamais visionné les images de Mickey exhibant ses grossièretés sur scène, les témoignages rapportés par des collaborateurs en qui il a pleine confiance suffisent pour lui démontrer l' « indécence » des gestes du musicien président.

Michel Martelly, un « pestiféré » ?

Loin d'ennoblir la réputation de Michel Martelly eu égard à son comportement social, son accession à la présidence d'Haïti lui a donné de nouvelles raisons de s'aliéner par rapport aux dirigeants d'autres pays. Aussi, tenu à l'écart par plusieurs collègues, y compris son homologue américain, il est considéré comme un « pestiféré » à partir des premiers mois de son administration.

Des personnes évoluant dans le secteur diplomatique, à la capitale américaine, ont expliqué que la communauté internationale, déjà mal à l'aise avec le président Martelly pour son comportement anti social, dans le cadre de sa carrière musicale, n'a eu aucune gêne « à collecter des pots de vin » d'un sénateur dominicain dont les compagnies de construction avaient signé des contrats avec le gouvernement haïtien pour la construction d'infrastructure et la reconstruction de logements après la destruction causée par le tremblement de terre. Suite à ces incidents, les hommes d'État étrangers se sont insurgé contre Michel Martelly, accusé de s'enrichir sur le dos d'un pays réduit à la mendicité internationale, ne se gênant pas à devenir partie prenante d'une «vaste conspiration internationale» pour détourner les fonds mis à la disposition d'Haïti pour construire des maisons pour les sinistrés du séisme du12 janvier 2013 et remettre en état les infrastructures détruites par le fléau.

felix-bautista-senateur-dominicainEn effet, le système de surveillance des activités financières internationales au niveau des banques avait permis d'établir que les firmes de construction du sénateur dominicain Félix Bautista ont versé plus de USD 2,5 millions $ au président Martelly sur une période de près d'un an, dont les derniers versements remontent à la fin de l'année 2011, seulement quelques mois après sa prestation de serment. Au niveau de la communauté internationale, dont les bailleurs de fonds et les Etats les plus riches se sont engagés à contribuer plus de USD 10 milliards$ pour la reconstruction d'Haïti, ces faits sont accueillis avec dégoût.

Les informations disponibles Les informations disponibles sur les accords conclus entre Haïti et les firmes dominicaines ont permis d'établir que les pots-de-vin ne se limitent pas uniquement à Martelly, mais à des membres du gouvernement Préval. Si les enquêteurs se sont gardés de citer les bénéficiaires des largesses du sénateur Bautista au sein de l'administration de l'ex-président Préval, comme cela a été fait pour Michel Martelly, ils ont révélé, sans le moindre doute, que des personnes liées au régime du prédécesseur de Martelly ont « touché » aussi.

On rapporte aussi qu'une enquête diligentée par la communauté internationale aurait déjà établi l'identité de ceux qui auraient reçu des pots-de-vin, du côté haïtien aussi bien que dans l'État voisin.
Voilà autant de raisons ayant porté le président américain à tenir son collègue haïtien à distance. En clair, donc, ceux qui affirment improbable une rencontre Obama-Martelly semblent parler en connaissance de cause. À cela, les chances du chef d'État haïtien sont très minces.

Haiti-Observateur

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