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Derrière l'affaire du passeport diplomatique de Baby Doc Duvalier

duvalier-martellyMichel Martelly - Ancien Dictateur Jean Claude Duvalier

Par Norluck DORANGE --- Devant les cris d'offraie qu'a inspiré la nouvelle de la délivrance d'un passeport diplomatique à Jean Claude Duvalier, une personnalité pro-duvaliériste a rétorqué: " c'est de l'ignorance, le monsieur a droit à ce document étant donné son rang d'ancien chef d'Etat". Oui, c'est vrai. Mais la vraie information, et c'est ce que cela traduit: c'est la levée des charges judiciaires qui pesaient sur la'ancien dictateur. Ah! Bon.

Si l'Etat Haitien ne retient plus aucune charge contre Jean Claude Duvalier, c'est que la vraie mission de toute l'opération-retour en Haiti de l'ancien dictateur à vie est accomplie. Cela signifie que fiston Duvalier va entrer en possession d'un reliquat de 9 (neuf) millions de dollars que retenait la Banque Suisse, sur injonction des autorités judiciaires helvétiques qui exigeaient de l'ancien dictateur qu'il montre des pièces justifiant que ces fonds ne provenait pas du Trésor Public haïtien pillé sous son régime. Ce compte enregistré au nom d'une certaine Fondation Simone O. Duvalier était alimenté à coup de centaines de milliers de dollars à l'occasion de voyages en Europe des membres de l'ex-famille présidentielle et d'autres officiels considérés comme des membres-clés du régime duvaliériste.

Selon l'écrivain Jean Florival, l'auteur de La Face cachée de Papa Doc, Simone O. Duvalier, la mère défunte de Baby Doc, recevait regulièrement des malettes remplies de billet vert en provenance des magnats de l'industrie sucrière de la République Dominicaine. L'auteur a raconté dans son livre comment survint le renvoi du Ministère de l'Intérieur de Roger Lafontant, en 1971, trois mois seulement après son entrée en fonction dans les débuts du règne de Jean Claude Duvalier. Le bouillonnant chef macoute s'était arrangé pour recevoir, sans la faire parvenir à sa destinataire, une de ces malettes convoyée en Haiti dans un petit avion privé, le même jour où il prit son poste en remplacement d'un autre poids lourd du régime Luckner Cambronne. Jusqu'en 1986, les responsables du Conseil d'Etat du Sucre de la République Dominicaine versaient des pots-de-vins régulièrement au régime Duvalier, par le biais de l'ancienne première dame Simone Duvalier. Ces magots représentaient des primes que recevaient les tenants du régime à vie, sur les bénéfices engrangés par les opérations de recrutement annuel des dizaines de milliers braceros Haitiens expédiés dans les champs de canne dominicains.

Un voyage de Baby doc est actuellement en préparation vers l'Europe, en vue de prouver aux autorités suisses qu'aucune charge de corruption n'a été retenue contre lui par l'Etat Haitien, et qu'il est en droit d'entrer en possession des 9 millions de dollars se trouvant sur le compte de la "fausse" Fondation Simone O. Duvalier.

Entre temps, le pouvoir Martelly-Lamothe est en train de jouer au cache-sexe avec la convocation devant le commissaire du government, Lucmanne Délille, de l'ancien président Jean Bertrand Aristide. L'objectif ne serait pas tant de chercher des poux dans la tête du chef Lavalas, sinon d'engager une procédure judiciaire, même bidon, contre ce dernier afin de ne retenir aucune charge, contre lui aussi. Question de renvoyer sur le même pallier les deux anciens présidents.

L'international (Etats-Unis et Canada) (moins la France, grand patron derrière l'opération Baby Doc) a grincé les dents en ce début d'année pour les raisons qui suivent. Les comportements dilapidateur des fonds publics de Michel Martelly et "gagotteur"de Laurent LaMotte ont exaspéré tous les bailleurs de fonds et les diplomates de ces deux pays détenant les cordons de la grosse bourse de l'aide bilatérale. Des organismes droits humains américains, Americas Watch et Amnesty International, et canadiens ont toujours souhaité un procès de Jean Claude Duvalier par la justice Haitienne, afin de faire la lumière sur les crimes économiques et crimes de sang enregistrés sous sa dictature.

Mettre fin à l'impunité et à la corruption érigées en pratique d'Etat, a souvent été l'objectif mentionné par ces organismes. La complaisance et surtout les complicités évidentes entre le pouvoir Martelly-Lamothe et Baby Doc, couplées aux attitudes irresponsables des Tèt Kale dans la gestion des fonds publics, ont fait dresser tant de sourcils, au point où, cet international, commence par se distancier de ce pouvoir ressemblant de plus en plus à une version jean-claudienne tout aussi hédoniste et plus épicurien.

Les troubles qui pointent à l'horizon et qui ont forcé ces "internationaux" à prévenir les voyages des nationaux en provenance de ces pays, partent de signes avant-coureurs qui sont enregistrés au sein de la population. Les gros mensonges de la propagande de l'Etat Martelly ne sont pas en mesure d'éteindre les foyers de tension qui sont alimentés par les dépenses somptueuses de la famille présidentielle et du premier Ministre Lamothe, alors que "la rue" ne cesse de s'exclamer devant "l'argent qui ne circule pas". La moindre étincelle peut faire basculer les choses. Les ennuis judiciaires initiés contre Aristide par le provocateur Lucmanne Délille, dont on dit qu'il reçoit des orders directement de Laurent Lamothe, pourraient être le point de départ de troubles incontrôlés. C'est un ensemble de dérapages dans les comportements amateurs, voire enfantins du pouvoir Martelly-Lamothe qui ont fait monter la moutarde au nez de leurs tuteurs du Canada et des USA.

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