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Assassinat de la famille Monchéry : Des soupçons pèsent sur le gouvernement Martelly-Lamothe
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- Publié le jeudi 25 octobre 2012 01:22
En plein dans la recrudescence de l'insécurité sous forme de kidnappings à répétition qui frappe la capitale haïtienne, les hauts fonctionnaires du gouvernement sont généralement à l'abri. Sauf, bien sûr, quand le crime est commandité, c'est-à-dire quand la directive est venue d'en haut. Le crime perpétré sur la personne de quatre membres de la famille Monchéry, passé comme une lettre à la poste, sans que soit lâchée une seule parole de la part du Palais national ou de la primature.
À la lumière d'un pareil crime dont fut victime le directeur de la Commission des marchés publics, sous le gouvernement Préval, et le silence dans lequel sombrent aujourd'hui les autorités par rapport au meurtre du comptable en chef du ministère de l'Intérieur ainsi que sa femme et ses deux enfant, la famille des victimes, en particulier, et l'opinion publique, en général, doivent légitimement connaître s'identité de ceux à qui profite ce quadruple crime.
En effet, Manès Monchéry, 54ans, sa femme née Carline Guillaume, 48 ans, enseignante, et leurs deux enfants, Olivier, 18 ans et Sanika, 12 ans, ont été victimes d'un crime odieux, le 27 septembre après que presque toute la famille soit revenue du travail ou de l'école. Les cadavres brûlés des victimes étaient retrouvés dans la résidence à Thomassin 38de la famille. Sauf la fille aînée de M. et Mme Monchéry, Cindy, 25ans, a été épargnée. Infirmière de profession, on laisse croire, dans les milieux proches de la famille Monchéry, qu'elle aurait été retenue à son travail.
On apprend également, de source autorisée, que les criminels auraient emporté la valise de Manès Monchéry qui contenait des documents officiels du ministère de l'Intérieur.
Un silence coupable
Si la presse nationale n'avait brièvement et de manière succincte fait écho de l'assassinat de cette famille, la nouvelle ne serait jamais parvenue aux oreilles du grand public. Toujours est-il que le gouvernement l'a reléguée à la rubrique des chiens écrasés, ne dédaignant même pas émettre un communiqué à ce sujet.
En effet, le Bureau de la présidence et le secrétariat de la primature, qui affichent en permanence leur générosité en ce qui a trait à la diffusion de communiqués portant sur des faits divers, allant de l'inauguration de marchés publics à celle d'usines en passant par la remise de Lettres de créances de diplomates, sans négliger la distributions de nourriture et de cartes téléphoniques dans les quartiers populaires de Port-au-Prince.
Le silence affiché par le gouvernement Martelly-Lamothe à l'égard de l'assassinat crapuleux d'un haut fonctionnaire de l'État avec sa femme et leurs deux enfants dépasse la plus folle imagination. Pourtant il est de coutume d'entendre les autorités s'apitoyer sur le sort des victimes d'accident, de causes naturelles ou d'assassinats, s'évertuant à présenter des condoléances et des sympathies aux parents et familles des défunts. Le cas de la famille Monchéry, dont le père défunt, comptable du ministère de l'Intérieur était le cousin du secrétaire général du parti du président Martelly, soulève des interrogations quant aux responsabilités des hommes du pouvoir. On ne peut s'imaginer que les dirigeants du pays aient décidé de faire le silence sur ce cas afin d'éviter d'annoncer la mise en train d'enquêtes pour fixer les responsabilités. Car le gouvernement en place n'a cure des promesses qu'il a faites concernant les enquêtes soit disant diligentées. On cite, par exemple, l'enquête qui avait été annoncée sur l'assassinat de Guyto Toussaint, le directeur du Conseil d'administration de la Banque nationale de crédit (BNC), une institution gouvernementale. On parle également de l'accident d'un poids lourd survenu à Delmas, non loin de la Télévision nationale, et qui avait occasionné plus d'une vingtaine de décès. Accouru sur la scène de cette catastrophe, le nuit même, le président Martelly, tout en promettant d'aider les familles des victimes, avait annoncé l'ouverture d'une enquête afin d'établir les responsabilités. Mais dans les deux cas, aucune suite n'a été donnée par les autorités.
Le cas Robert Marcelo évoqué
Face à l'assassinat de ce haut fonctionnaire de l'État, de sa femme et de leurs deux enfants, on ne peut s'empêcher d'évoquer le cas de Robert Marcello, directeur de la Commission des marchés publics, enlevé et porté disparu depuis 2009. N'étaient des révélations faites par Amaral Duclona, ancien chef de gang de Cité-Soleil, selon lesquelles M.Marcello fut kidnappé et exécuté par lui, personne ne saurait ce qui était advenu de lui. Car le gouvernement Préval n'avait jamais fait état de cette disparition jugée des plus bizarres, ni ordonné une enquête sur le sort qu'a subi ce fonctionnaire de l'État. Selon des aveux faits par Duclona aux autorités dominicaines, en présence, surtout d'agents américains, français, canadiens, des services de renseignements ainsi que d'autres entités chargées de faire respecter la loi, de hauts fonctionnaires du gouvernement Préval avaient commandité le kidnapping de Marcello. L'ex-chef de gang avait également révélé que la victime ne devait pas être retourné vivant à sa famille. Il s'agit de l'exécution pure et simple d'un serviteur de l'État dont l'arrêt de mort avait été signé par les plus hautes autorités du pays.
Quand on se réfère au témoignage d'Amaral Duclona précisant qu'il devait compter sur les ressources du gouvernement afin d'identifier sa future victime on ne peut s'empêcher d'observer la remarquable similarité existant entre les deux cas. Selon lui, n'ayant jamais connu Robert Marcello auparavant, il dut dépendre d'une convocation de l'intéressé « par le président du Sénat » prétextant une « enquête »sur des dossiers que M. Marcello était chargé de gérer. Pendant que le directeur de la Commission des marchés publics attendait d'être appelé pour interrogation, Duclona fit savoir que lui et ses comparses avaient eu le temps de bien examiner leur victime.
Manès Monchéry avait des documents en sa possession
Dans la mesure où la valise contenant des documents que Manès Moncèry avait en sa possession a été réellement emportée par ses assassins, il faut se demander quel usage on craignait qu'il pouvait en faire et qui portait intérêt à ces papiers ? Percer se secret permettrait de connaître l'identité de la personne (ou des personnes) à qui profiteraient ces crimes.
Des observateurs ont attiré l'attention sur le fait qu'en tant que comptable en chef de l'un des plus importants ministères du gouvernement, Manès Monchéry est un personnage extrêmement important appelé à jouer un rôle prépondérant dans la gestion de nombreux dossiers. Au moment où des citoyens accusent la famille présidentielle de « corruption et de détournement de fonds de l'État », ayant, du même coup, identifié le ministère de l'Intérieur comme un des créneaux utilisés pour canaliser des fonds dans les coffres de la première dame, il existe de fortes chances que le comptable en chef du ministère de l'Intérieur avait accès à des documents susceptibles d'établir les faits.
Pour toutes ces raisons, le silence entretenu par le pouvoir autour de ces crimes odieux fait peser des soupçons sur les actuels décideurs politiques au même titre que le kidnapping doublé de la disparation de Robert Marcello tend à mettre en cause le gouvernement Préval.
Haiti-Observateur
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