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Martelly acculé - à la veille de la réunion du Conseil de Securité de l'ONU sur Haiti

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Les parlementaires de l'opposition, forts de la présidence du Sénat et de celle de la Chambre des députés, après deux jours de rencontres plutôt réussies avec des secteurs de la société haïtienne, savourent une première victoire morale. La présidence, acculée, retranchée dans son palais, a décidé d'acheminer la loi électorale préparée par le CT-CEP au Parlement comme cela lui était réclamé depuis des semaines.

Le président Michel Martelly, revenu de vacances, a dû se rendre à l'évidence que son entêtement n'est plus soutenable. Il fait un pas important vers les prochaines élections. Cependant, plus que la tenaille parlementaire, il y a des pressions externes qui lui imposent un changement de comportement.

Haïti fera l'objet d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies ce mercredi 28 août 2013 à New York, au siège de l'organisation mondiale.

Au cours de cette rencontre, Mme Sandra Honoré présentera aux membres du Conseil de sécurité le dernier rapport du Secrétaire général sur Haïti.

Si l'on s'attend à la confirmation de la réduction des effectifs de la Minustah et à un rapport mi-figue, mi-raisin, sur les avancées de la stabilisation, l'impasse dans laquelle se trouve encore le processus électoral et les critiques sur la santé de l'Etat de droit depuis le départ de l'expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits humains, Michel Forst, ne seront pas des éléments favorables à l'actuelle présidence de la République.

C'est dans la perspective de cette réunion du Conseil de sécurité que de nombreux observateurs préfèrent placer la transmission ce mardi au Parlement du projet de loi électorale par l'administration Martelly-Lamothe. L'ONU, garante de la stabilité, fait office de gendarme. Avant la tenue de la prochaine Assemblée générale des Nations unies, Martelly veut donner des gages de sa bonne foi. Plus que la peur des parlementaires de l'opposition, il est stimulé par l'envie de ne pas perdre la face devant ses pairs, selon ces observateurs.

En effet, après des semaines de tergiversations et une dernière sortie médiatique du président Martelly recommandant la réalisation des élections sous l'égide de la loi de 2008, c'est un revirement de 180 degrés qu'opère le président Martelly.

Pour d'autres observateurs, le président joue la montre, invente un nouveau piège dans lequel il espère que les parlementaires et l'opposition vont se jeter. Après avoir retardé la transmission de la loi électorale, il embarrasse le Parlement en ne lui laissant que quelques jours pour voter la loi. Le 9 septembre, la Chambre des députés entre en vacances. Le Sénat a un quorum fragile et une mince marge de manoeuvre.

Deux autres rendez-vous

Alors que la question électorale retient l'attention, les démêlés commerciaux entre les deux pays se partageant l'île continuent. Une réunion prévue cette semaine entre les officiels et hommes d'affaires des deux pays est handicapée par l'absence du secteur privé haïtien qui a sollicité un report, avons-nous appris.

Le Premier ministre haïtien, Laurent Lamothe, s'est rendu lundi à Miami, dans le cadre d'une réunion dans cette ville avec le ministre des Affaires étrangères de la République dominicaine, Carlos Morales Troncoso, et un groupe d'entrepreneurs de ce pays dans l'objectif de discuter du renforcement des relations entre les deux nations, après deux mois de tensions en raison de différends commerciaux, a appris Haïti Press Network via ListinMiario.

Ce mardi, la Primature, le ministère de l'Économie et des Finances et l'Unité de lutte contre la corruption (ULCC) ont conjointement organisé à Pétion-Ville une réunion d'information sur l'évaluation d'Haïti de l'application de la Convention des Nations unies contre la corruption, rapporte Haïti Press Network.

Haïti est en cours d'évaluation depuis le 1er juillet 2013, a informé le directeur général de l'ULCC, M. Antoine Atouriste. L'évaluation d'Haïti en matière de lutte contre la corruption prendra fin en décembre 2013, selon les précisions de M. Atouriste, informant que le pays est actuellement à la phase d'auto-évaluation.

Selon M. Joseph Jean Figaro, directeur des opérations au sein de l'ULCC, le grand handicap d'Haïti demeure la loi sur la lutte contre la corruption qui n'est toujours pas votée à la Chambre des députés.

Si dans le cas des troubles dans les relations commerciales entre Haïti et la République dominicaine le gouvernement haïtien a lancé les hostilités pour sortir de rapports de force économiques totalement défavorables à Haïti, pour ce qui est du vote de la loi sur la lutte contre la corruption, il a les cartes en main en disposant d'une majorité au Parlement.

Cependant, le gouvernement ne dirige pas sa majorité parlementaire ni n'arrive à gérer ses opposants. Les démarches des derniers jours des parlementaires de tous les bords visant à faire rentrer le président Michel Martelly dans le rang, dans un univers démocratique apaisé, sont les signes qu'après deux ans de gouvernance, personne ne peut compter sur des alliés sûrs.

F.D
Source: Le Nouvelliste

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