Analyses & Opinions

Le bruit des promesses

L'année politique a commencé avec la réouverture des travaux à la Chambre des députés. La séance de L'Assemblée nationale, marquant la reprise de la vie au palais législatif, a été mouvementée.

Devant l'édifice, des manifestants organisés par le pouvoir et des employés révoqués de l'administration publique depuis des années ont rivalisé à faire le plus de bruit que possible pour défendre leur cause ou justifier leur journée de travail.

A l'intérieur, le bruit était aussi à l'honneur ce lundi. Les parlementaires du bloc Parlementaires pour le renouvellement institutionnel (PRI), petit regroupement minoritaire, ont sifflé le Premier ministre Laurent Lamothe. Le PM n'a pas pu présenter le bilan de son gouvernement. Il l'a déposé par-devant le bureau.

Depuis des mois, cette crise couvait. La Primature avait déjà eu un bruyant avertissement, un concert de klaxon en son enceinte même; ce lundi, le tapage a eu raison du discours de Lamothe.

Le PM avait refusé de rencontrer les membres du PRI, de donner suite à leurs doléances, la Primature rechigne à financer leurs projets. Le gouvernement a même refusé de se présenter à des convocations du Parlement. Le Premier ministre Lamothe l'a chèrement payé ce lundi. Une déconvenue publique n'est jamais une bonne chose dans un CV.

Les parlementaires ont raté une occasion de se montrer grands. N'auraient-ils pas été plus intelligents en interrompant le PM au début de son intervention, ou chaque cinq minutes pendant son discours, ou de manifester à la fin de la présentation ? Est-il démocratiquement sain de priver le pays du bilan du gouvernement, d'ensevelir le débat sous les décibels?

Au Parlement ce lundi, la raison était dans ses petits souliers. Le bruit a tué les idées.

2013 est en mode avance rapide. Sans arrêt, l'actualité marche à grands pas.

Vendredi, le président se disait désolé et appelait la société haïtienne à prendre en main l'introuvable monument aux victimes du 12 janvier. Samedi, le président a annoncé un concours national pour ériger le monument et s'était rendu en catimini à Titanyen déposer une gerbe de fleurs là où l'an dernier il avait promis un mausolée.

Que personne ne pense que nos chefs n'ont pas de la suite dans les idées. Ils changent d'avis, simplement.

Dimanche, le président a visité les lakou vodou des Gonaïves, Soukri, ....et a endossé les attributs des initiés de la religion populaire haïtienne. Toujours dimanche, les bandes carnavalesques ont déferlé sur la capitale pour lancer le carnaval 2013. Ce lundi, c'est un cortège des promesses qui a accompagné le président au Parlement.

Manifestations, concert de klaxons, petit 12 janvier, grand lancement du carnaval, tourbillon de promesses, autant de bonnes façons de faire oublier les attentes de 2012.

Nous avons devant nous un 2013 plein comme un œuf. D'oiseau-mouche, d'autruche ou d'éléphant...???

Frantz Duval

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