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Haiti - Martinique: Les Haïtiens sans papiers comme des marrons
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- Publié le samedi 8 décembre 2012 16:33
La plupart des Haïtiens en situation irrégulière en Martinique sont restés terrés chez eux dans les quartiers populaires de Fort-de-France ou ailleurs sur l'île. Haïti n'ayant pas de représentation diplomatique dans ce département d'outre-mer français, nos compatriotes sont pratiquement des laissés-pour-compte. Des mères sont séparées de leurs enfants. Les expulsions se font sans contrôle ni respect du droit des individus.
Ils peuvent être arrêtés n'importe où. Dans les bus de transport en commun, dans les lieux publics, chez eux et même en allant demander le renouvellement de leur permis de séjour. Difficile pour les Haïtiens en situation irrégulière (sans papiers) de vivre en Martinique. Ils sont traqués pire que des marrons du temps de la colonie. Justement, ils vivent dans le marronnage par peur d'être arrêtés et expulsés. « Je connais plusieurs Haïtiens qui ont été arrêtés et après on n'a plus entendu parler d'eux. Je suppose que les autorités les ont déportés », a expliqué au Nouvelliste Etienne, un Martiniquais à la peau foncée, dans sa boutique située sur le boulevard Général de Gaulle.
Etienne, très proche des Haïtiens, compatit au malheur de ceux qui sont en situation irrégulière. « Jamais on n'entend parler d'un Haïtien impliqué dans des actes de banditisme ni de vol ou autre chose de mauvais. Il y en a qui occupent des fonctions bien placées ici...Pourtant, ceux qui n'ont pas de papiers, s'ils se laissent arrêter, seront malheureusement expulsés de la Martinique », a-t-il dit.
Deux cas qui ont fait couler beaucoup d'encre
Céline Valmyr, mère d'un bébé de trois mois qu'elle a mis au monde en Martinique. Elle a été arrêtée récemment dans la rue. N'ayant pas de papiers légaux pour vivre sur ce territoire français d'outre-mer, elle a été expulsée en Haïti loin de son enfant. « Manu militari, dans une totale indifférence de la préfecture, elle a dû subir cet éloignement inhumain », a vivement condamné les responsables de l'organisation l'Union de femmes de la Martinique (UFM) qui défend les droits des immigrés.
Le compagnon de Céline Valmyr, un Français, réside légalement en Martinique. Mais, selon les responsables de l'UFM, il a été forcé par les autorités de nier et de signer formellement que le fils de la jeune Céline n'était pas de lui. Sous la menace d'être emprisonné pendant dix ans, le jeune homme a cédé. Le nourrisson a été confié à la sœur de Céline qui vit en Martinique. Choquée par la façon dont elle a été expulsée et séparée de son enfant qu'elle allaitait, on a appris que Céline Valmyr est malade en Haïti.
Cette jeune mère est loin d'être la seule dans cette situation. Betty Saint-Louis, une autre jeune femme haïtienne, est sur le point de vivre le même cauchemar. Séparée de son enfant de deux mois depuis environ une semaine. La préfecture de la Martinique s'est donnée huit jours pour reconsidérer la pertinence et la possibilité de la laisser vivre sur le territoire français. Elle est en instance de déportation, comme on dit ici en Martinique.
Depuis quelques mois, a fait remarquer Muriel Ameller, militante bénévole de l'Union des femmes de la Martinique, des expulsions en masse s'effectuent vers Haïti, d'hommes et de femmes vivant, pour certains, depuis de longues années sur le territoire martiniquais. Elle a jugé inacceptable le comportement des autorités de son pays et appelle à la mobilisation pour le respect des droits des immigrés. « Sans papiers ne veut pas dire sans droits », a-t-elle scandé au cours d'une conférence de presse, mercredi, tout en dénonçant le mauvais traitement et les préjugés auxquels les immigrés haïtiens font face.
Il n'y a que deux pour cent de la population martiniquaise qui soient des étrangers. Cela ne saurait représenter une menace pour la Martinique, a soutenu madame Ameller, qui dit regretter le fait que les autorités haïtiennes ne soient pas représentées dans ce département français d'outre-mer. Du coup, les défenseurs des droits des immigrés n'ont pas d'interlocuteurs à ce niveau-là. Cependant, elle se réjouit du travail de certaines structures haïtiennes organisées dans ce domaine.
« Nous sommes loin d'une immigration qui dérange la communauté martiniquaise. Nous allons rester mobilisés pour défendre les différents cas, notamment celui de madame Saint-Louis », a promis madame George Arnauld, l'une des responsables de l'Union de femmes de la Martinique, qui dénonce le fait que les étrangers, particulièrement les Haïtiens, soient expulsés avec violence et mépris.
Les raisons qui poussent les Haïtiens à immigrer en Martinique sont les mêmes évoquées par nos compatriotes en situation irrégulière en République dominicaine, en Floride, en Guadeloupe ou ailleurs. « Parce que cela n'allait pas pour nous, nous avons décidé de quitter Haïti. Mais ici, nous vivons comme des gens qui n'ont pas de pays », a soupiré au Nouvelliste un jeune Haïtien, la vingtaine, rencontré dans un marché public à Fort-de-France.
Bien que je me sois présenté à lui, ce jeune homme n'a pas voulu parler ou avait peur de parler un peu plus de lui. Il est naturellement méfiant. C'est le même constat chez les autres Haïtiens qui vendent dans ce marché. Même s'il n'est pas en situation irrégulière, le compatriote est réticent à parler de lui-même avec quelqu'un qu'il ne connaît pas.
Après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, l'administration de l'ancien président français, Nicolas Sarkozy, avait envoyé une circulaire dans tous les départements de l'Hexagone en Amérique, interdisant l'expulsion des Haïtiens sans papiers arrivés à la suite de la catastrophe. Cette mesure n'a été respectée que pendant très peu de temps.
Alors que tout le monde ou presque se concentre sur le rapatriement en masse des Haïtiens vivant en situation irrégulière en République dominicaine, nos compatriotes sans papiers en Martinique sont seuls face aux préjugés des autorités de ce territoire français. Elle est toute aussi humiliante et déshumanisante, la forme de déportation des Haïtiens qui se pratique ici en Martinique.
Robenson Geffrard,
Martinique
Source: Le Nouvelliste
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