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Otages consentants ou artisans du changement en Haïti
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Par Leslie Péan, 9 novembre 2013 --- La conjoncture de crise dans laquelle Haïti est plongée depuis un certain temps rappelle étrangement la crise actuelle du dollar américain. Dans les deux cas, les acteurs critiquent une situation de fait qui est révoltante, mais beaucoup d’entre eux acceptent avec résignation le statu d’otage consentant, hésitant à participer au renversement du statu
quo. Dans un cas comme dans l’autre, l’image trompeuse ne correspond pas à la réalité. La fermeture de Washington du 1er au 16 octobre a révélé des failles qui n’ont pas laissé indifférents les créanciers des Etats-Unis. En Haïti, la séance d’interpellation du Sénat du 5 novembre a indiqué le degré de pourriture et d’incompétence du gouvernement Tèt kale. De l’appel à la désaméricanisation du monde lancé par les Chinois le 13 octobre à celui des manifestants du 7 novembre demandant la démission de Martelly, dans les deux cas on s’achemine vers un changement. Le gouvernement américain l’a compris et s’est vite conformé en mettant un bandage sur une jambe de bois le 16 octobre. Mais quant à Martelly, il continue le gaspillage d’énergie et d’argent qui ne peut que lui être fatal. Ses jours sont comptés.
En politique comme en économie, le fractionnement à outrance de quelque entité que ce soit est toujours funeste. Par exemple sur le marché des changes, plus il y a d'unités d'une même devise, moins chaque unité a de la valeur. On le voit avec le billet vert pourtant accepté malgré le péril qu’il représente. En politique aussi, quand des groupuscules pullulent, la valeur globale du projet de remplacement du régime diminue ainsi que celle de chacun d’eux. Pour empêcher que l’intoxication du peuple et la désinformation conduisent à vivre avec un pouvoir manifestement inacceptable, il faut absolument commencer par définir une alternative claire et unifiée. Sinon, les artisans du changement deviennent des otages consentants. Des esclaves volontaires. Depuis l’occupation américaine de 1915, soit bientôt un siècle, chaque gouvernement recopie les méthodes de ses prédécesseurs et applique des politiques allant à l’envers du bon sens et des aspirations populaires. Le moment est venu de remettre les choses à l’endroit. Surtout après la séance d’interpellation du 5 novembre dernier au Sénat qui a mis au grand jour l’opération de récupération du gouvernement Tèt kalé en s’entourant des conseillers issus du parti INITÉ du gouvernement de René Préval. Après cette séance, rien ne peut plus justifier, excuser ou faire comprendre le moindre soutien au régime actuel devenu un pouvoir Kan kale.
La « cavalerie » ou le schéma de Ponzi
Dans l’analyse de l’économie politique internationale, l’expression « otages consentants » renvoie au comportement des pays développés de l’Europe, du Moyen-Orient, de l’Asie et des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui continuent d’utiliser le dollar américain dans le financement de leurs échanges, alors qu’ils savent parfaitement que cette monnaie vaut à peine un peu plus que le papier sur lequel il est imprimé. La substance du dollar s’est désagrégée depuis bientôt une décennie avec les interventions militaires des États-Unis à l’étranger, les scandales financiers de Wall Street, et la politique monétaire de la Réserve fédérale (la banque centrale). Depuis la crise financière de 2008, la planche à billets ne cesse de fonctionner avec la politique d’assouplissement quantitatif baptisée quantitative easing (QE). Le ratio de la dette américaine au Produit Intérieur Brut (PIB) a ainsi atteint le seuil d’alerte de 105%.
Cette politique monétaire absurde a continué en 2010 avec le QE2 et l’Opération Twist en 2011 consistant à convertir une partie des obligations d'Etat américaines de court terme en long terme. Au fait, l’assouplissement quantitatif est la continuation de ce que le président Georges Bush père avait qualifié de « politique économique vaudou » en 1980 et qui se caractérisait par l’explosion de la dette par rapport à la somme des richesses mesurée par le PIB[1]. En effet, ce ratio, qui était de 30% du PIB en 1980 sous le gouvernement Carter, est passé à 105% en 2013. La dette américaine a doublé au cours des huit années du gouvernement de Reagan et a encore doublé sous celui du fils Bush. Cet endettement systématique ne concerne pas uniquement les États-Unis. C’est le cas avec les sept pays les plus industrialisés connus sous le nom de G7. Selon la Deutsche Bank, la dette des pays du G7 est passée de 70% de leur PIB en 1988 à 440% en 2012[2].
En réalité, les pratiques d’endettement de l’économie vaudou se sont révélées nulles, comme l’expérience du Japon le prouve depuis 2001. L’argent créé par Réserve fédérale américaine s’est révélé un wanga (fétiche) sans effet positif sur la réalité. La crise a continué sous de nouvelles formes malgré l’envoûtement des dollars créés par les concoctions magiques. Les incantations sur le billet vert avec des pincées de basilic, de l’encens, une bougie allumée et de la verveine n’ont été d’aucun secours. Le sort jeté par la politique monétaire ultralibérale de Ronald Reagan s’est révélé une vraie malédiction. Les ménages surendettés n’ont pas emprunté. Sans une demande effective, c’est-à -dire appuyée par de l’argent liquide, les entreprises n’ont pas emprunté pour investir. Le wanga n’a donc pas eu les effets surnaturels escomptés.
Les liquidités mises à la disposition des banques commerciales par la Réserve fédérale ont seulement servi à gonfler les avoirs de ces dernières en espèces et en titres du gouvernement au détriment des prêts à une clientèle qui n’existe pas. Les bokors des banques centrales ont crée des économies zombies ayant l’apparence d’être des entités normales mais en réalité sont des ombres. On est en plein dans l’occultisme. Les entreprises ont des capacités excédentaires. Les perspectives d’emploi sont incertaines. Le chômage augmente. La Réserve fédérale institue un schéma de Ponzi[3], un mécanisme financier frauduleux connu aussi sous le nom de cavalerie, inventé par l’américain Charles Ponzi en 1920, consistant essentiellement à rémunérer les investisseurs avec les fonds apportés par les nouveaux investisseurs.
L’application la plus récente du schéma de Ponzi aux États-Unis est celle de 50 milliards de dollars faite sur 15 ans par Bernard Madoff et découverte en 2008. Remarquons que Madoff, ancien directeur de la Nasdaq, le deuxième marché bousier américain, aurait pu continuer indéfiniment s’il n’avait pas lui-même expliqué la fraude à ses fils qui ont dénoncé leur père à la police. L’escroquerie est au cœur du système économique qui refuse de payer ses employés correctement. Les gains de productivité de ces dernières années n’ont profité qu’au capital et pas au travail. Selon le département de recherches de la banque française Natixis, « depuis le début des années 2000, la hausse de la productivité n’a pas entraîné d’augmentation proportionnelle des salaires réels mais a bénéficié tout particulièrement aux profits des entreprises[4]. »
En novembre 2013, le magazine libéral The Economist a abouti aux mêmes conclusions négatives pour les travailleurs face aux propriétaires du capital (banquiers, entrepreneurs, rentiers). Contrairement aux livres d’économie classique qui racontent que la proportion des salaires dans le revenu national demeure constante, les 30 dernières années affichent une baisse systématique de la proportion des salaires[5]. Aux Etats-Unis, la proportion des salaires dans le PIB est passée de 70% à 64%. La diminution des salaires dans le revenu national est encore plus grande dans les pays scandinaves (Norvège, Suède) et dans d’autres pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE). On comprend donc que les ménages soient obligés de recourir au crédit pour vivre décemment. Le capitaliste Henry Ford en 1920 payait ses ouvriers correctement afin qu’ils aient assez d’argent pour acheter ses voitures. Les capitalistes qui lui ont succédé n’ont pas écouté ses conseils, préférant contraindre les citoyens à s’endetter et à vivre au-dessus de leurs moyens. La « cavalerie » ou le schéma de Ponzi est au cœur du fonctionnement de l’économie capitaliste[6].
Accepter une mauvaise chose par faute d’alternatives
Depuis septembre 2012, la Réserve fédérale a inauguré une troisième et une quatrième vague d’émission monétaire (QE3 et QE4) au rythme de 85 milliards de dollars par mois. D’une part, il faut éviter à tout prix l’effondrement des bons du trésor en particulier celui de 30 ans (TB30Y). D’autre part, il s’agit de sauver le dollar en contrecarrant la hausse du prix de l’or. Au moment où nous écrivons, le 8 novembre, le prix de l’once d’or est de 1.287 dollars américains, soit 67% de la valeur atteinte le 6 septembre 2011 quad il était de 1.925 dollars. Les Etats-Unis font tout pour garder le privilège monétaire qui leur permet selon le professeur Barry Eichengreen de Berkeley de bénéficier de près de 1.000 milliards de dollars par an[7].
Le monde a changé depuis la conférence de Bretton Woods de 1944, quand les États-Unis possédaient 80% des réserves mondiales d’or. En 1971, ce stock a diminué de moitié, et le président Nixon a mis fin à la convertibilité du dollar en or. Toutefois, l’absence d’une alternative crédible a fait que le dollar est resté la monnaie internationale de réserve, malgré la calamité qu’il représente. La création des droits de tirage spéciaux par le Fonds Monétaire International (FMI) n’a pas porté fruit. Ainsi, l’économie américaine bénéficie gratuitement de l’épargne du reste du monde. D’où l’expression « otages consentants ». Une mauvaise chose peut donc être acceptée faute d’alternatives. Les autres pays qui ont investi dans les bons du Trésor américain acceptent de se croiser les bras et de laisser leurs avoirs fondre comme neige au soleil.
Cette situation s’est présentée sur les marchés financiers avec l’emprunt haïtien de 30 millions de francs en 1825. En effet, la valeur des obligations haïtiennes à la Bourse de Paris est passée de 1.000 francs en 1825 à 195 francs en 1848. Bien sûr, le banquier français Jacques Laffitte s’en est bien tiré, car le président Boyer décida de lui racheter son investissement de 1.000 obligations en les lui payant à leur valeur nominale de 1.000 francs[8] au lieu des 220 francs qu’elles valaient en 1833.
La guerre monétaire
Dans la situation d’un marché des changes qui a plus que doublé en dix ans pour atteindre 5.300 milliards de dollars par jour, on se demande si le dollar a pris les autres pays et monnaies en otage ou si ce sont plutôt ces pays, particulièrement la Chine, qui ont pris le dollar en otage. Car si la Chine, le Japon et d’autres pays asiatiques décident de ne plus acheter les bons du Trésor américain, l’échafaudage s’écroule. En effet, ces pays détiennent 5 mille milliards de dollars de réserves représentant un tiers du PIB américain[9]. On se rappelle comment en 2005 le dollar a perdu 1.5% de sa valeur face à l’euro et au yen à cause d’une rumeur faisant état de l’intention de la banque centrale coréenne de diversifier ses réserves de 200 milliards de dollars en achetant des euros[10].
Dans cette guerre monétaire, les forces du changement avancent lentement mais sûrement vers une autre monnaie de réserve internationale que le dollar. Depuis 2005, la monnaie chinoise, le Yuan encore dénommé le Renminbi (RMB), s’internationalise. Entre 2008 et 2012, la Banque populaire de Chine a signé un total de 16 accords d’échanges de devises (currency swaps) avec des pays tels que la Corée du Sud, la Malaisie, l’Argentine, le Pakistan, la Thaïlande, etc. représentant 1 353 milliards de dollars[11]. Ces accords qui diminuent le risque de change associé au dollar américain ne sont point marginaux.
Sept nouveaux accords d’échanges de devises incluant même la Banque d’Angleterre ont été signés en 2013. Le dernier en date du 10 octobre 2013 a été signé avec la Banque centrale européenne (BCE) pour un montant de 45 milliards d’euros (59 millions de dollars). La stratégie à la Sun Tzu, ce stratège militaire chinois aux préceptes vieux de 25 siècles, reste encore d’actualité. Tout le monde veut prendre le train plus tôt que plus tard. Les banques centrales du Chili, du Nigeria, de la Thaïlande et d’autres pays en développement ont décidé d’inclure le RMB chinois dans leur réserve officielle. Les billets de 100 Yuans à l’effigie de Mao Zedong côtoient ceux de 100 dollars à l’effigie de Benjamin Franklin. Confrontées au vent du changement, les forces du statu quo résistent désespérément en disant que ce ne sera pas demain la veille.
L’appel à la désaméricanisation du monde
L’économie mondiale rentre dans le cycle infernal de l’économie suicidaire. L’augmentation de la dette n’a pas d’incidence sur la croissance et l’emploi. En effet, si en 1971, il fallait investir 2 dollars pour avoir 1 dollar de croissance du PIB, en 2007 cette proportion avait augmenté à 7 dollars de dette pour 1 dollar de croissance du PIB. Aujourd’hui la descente aux enfers continue avec la nécessité d’investir 18 dollars de dette pour avoir 1 dollar de croissance du PIB[12]. Dans tous les cas de figure, les contradictions de la politique économique suicidaire américaine ont conduit la Chine à appeler à la désaméricanisation du monde. Les gouttes d’eau qui ont fait déverser le vase sont la crise autour du relèvement du plafond de la dette américaine et la fermeture de l’administration américaine pendant 16 jours. Le 13 octobre 2013, la Chine réclame « la mise en place d'une nouvelle monnaie de réserve internationale, qui doit être créée pour remplacer le dollar américain, afin que la communauté internationale puisse être tenue à l'écart des désordres politiques intérieurs des Etats-Unis[13].» Coup de tonnerre dans un ciel bleu. On se rend compte que l’histoire n’est pas finie comme voulait le faire croire Francis Fukuyama en 1992.
En fait, l’histoire ne fait que commencer. Les Chinois, qui vivent avec un quarantième de ce que l’Américain moyen gagne, sont devenus les créanciers des États-Unis. Cela s’explique avec un taux de croissance de l’économie chinoise d’une moyenne annuelle de 9% depuis 1982 tandis que l’économie américaine connaît à peine une croissance de 3% depuis 30 ans. Comme dit l’adage « on ne prête qu’aux riches ». En pensant qu’elle a plus de chances d’être remboursée, « la Chine prête à l’Amérique tout l’argent qu’il lui faut pour dépenser jusqu’à l’ivresse[14]. » Mais les otages consentants peuvent devenir des artisans du changement. Cela semble être le cas. Malgré le fait qu’en 2012, des révélations ont été faites montrant le haut degré de complicité entre les autorités américaines et chinoises.
En effet, « les pièces publiées par Reuters démontrent que, depuis juin 2011, dans une discrétion absolue, la Chine bénéficie du privilège exclusif de pouvoir acheter DIRECTEMENT, en dehors de " lois du marché de Wall Street ", les bons du Trésor émis par cette administration fédérale. Ainsi, alors que pour les autres banques ou organismes d'achat de la dette américaine, il faut passer par des intermédiaires et par Wall Street pour acheter des bons du Trésor fédéral, la Chine a de son côté obtenu un accès direct et permanent, sans frais d'intermédiaires, à l'acquisition de ces bonds[15]. » Cette décision capitale a été prise en violation de la Security and Exchange Commission (SEC), gendarme de la Bourse américaine, des médias, des marchés financiers, des banques et des autres acteurs du marché de la dette fédérale. Dans le mélange des intérêts communs et antagoniques émerge la configuration d’un ordre mondial alternatif.
De chofe jarèt à chofe kè
C’est aussi de cela qu’il s’agit en Haïti où la mobilisation populaire continue tout azimut. Pour mettre fin au gouvernement d’une minorité « minoritaire » Tèt kale qui propage l’ignorance en disant que 4 est supérieur à 14. Comme cela a été le cas lors du vote au Sénat le 5 novembre. Les étudiants protestent. Les avocats disent qu’ils en ont assez avec Gros moso. Les professeurs et directeurs d’école du PSUGO qui ne sont pas payés depuis 9 mois se révoltent devant la gabegie dans l’utilisation des ressources publiques. La population est choquée par la désinvolture des ministres et la corruption galopante des détournements de fonds. La diaspora est rançonnée systématiquement et méthodiquement par des taxes sur les transferts et les appels téléphoniques. Les jeunes disent Grenadye alaso, Sa ki mouri zafè a yo. Comme Capois-la-mort le disait le 18 novembre 1803. Le peuple a le nombre pour monter à l’assaut des citadelles de l’iniquité. Les manifestations sont la consécration et le résultat des contradictions non résolues qui rongent la société haïtienne.
La société civile fait une nouvelle entrée dans l’histoire. Cette fois-ci pour dire que c’est une autre histoire. Martelly se veut un roi et dit que le peuple lui doit obéissance pour 5 ans, point. Les démocrates refusent de baisser pavillon. Yo di Mateli pinga. Sak fèt nan Sena-a 5 novamb-lan louvri je tout moun sous sa ki ape pase nan ekip Tèt kale-a. Pèp la pran la ri e li ginyin anpil lide nan kalbas tèt-li. Li pran devan bann-nan ak anpil koze boule. Chofè tap tap, machan manje kwit, mèt ti boutik, bouzen, tout moun pou kole tèt ansamb pou fè yon sèl. Nou pa bezouin fè antèman peson, nou pa bezouin peson ale nan peyi san chapo. Fok youn tande lot ki gen lesperians pou fè grèv jeneral pou voye Mateli ale.
Martelly peut-il encore rendre service ? Oui. Alors qu’il plie bagages et dégage ! Les manifestations pacifiques sont attaquées par des sbires à la solde du gouvernement. Le chofe jarèt du 7 novembre a été confronté à la machine répressive du gouvernement qui a fait plusieurs victimes, dont Dieusel Civil blessé par balle, parmi les manifestants. En mettant du sang dans les rues, Martelly et sa bande d’abrutis voudraient rééditer les crimes de Charles Oscar Etienne de 1915 en tuant massivement tous les opposants à son gouvernement. On se rappelle que 168 prisonniers politiques ont été massacrés par Charles Oscar Etienne le 27 juillet 1915, ce qui a précipité l’occupation américaine le lendemain 28 juillet. Tout jwèt se jwèt, kwòchèt pa ladan’l Qu’il se le tienne pour dit : Martelly risque gros personnellement si d’innocents manifestants de l’opposition démocratique sont tués par sa soldatesque. Qu’il se rappelle le sort fait à Vilbrun Guillaume Sam !
Ceux qui refusent de relire l’histoire d’Haïti à partir de 1804 pour essayer de comprendre le présent vivent depuis 1986 les déboires d’une société qui n’arrive pas à formuler un projet consensuel pour résoudre les contradictions qui l’assaillent. L’atmosphère est empoisonnée par des querelles byzantines de chercheurs de pouvoir qui sèment la confusion dans les esprits. La question politique est vidée de sa substance, et le pays se dégrade avec une histoire qui se répète. Qui bégaie. L’unité d’action de tous les groupes est nécessaire pour vaincre. Nous avons déjà l’unité d’esprit. Unité dans la pluralité et non dans l’unicité. Nous ne devons pas laisser les interférences de différents ordres, les ambitions des uns et des autres et les calculs de dernière minute nous enlever le cœur à l’ouvrage. Évitons la dispersion des efforts. Ouvrons les bras à tous ceux qui veulent nous rejoindre dans la dernière ligne droite. Même ceux qui ont commis des erreurs. Fok nou chofe kè yo paske se frè ak sè nou, pour que leurs erreurs ne deviennent des fautes graves. La vie est faite d’erreurs et tout le monde peut se tromper. Personne ne détient le monopole de la vérité et de la vertu. Perseverare es diabolicum ! comme disaient les anciens Sénèque et Cicéron. Persévérer dans l’erreur comme le fait la bande à Martelly est diabolique.
Economiste, Historien
[1] Satyajit Das, « Voodoo Economics: The Subtle Side Effects of Quantitative Easing », Minyanville, April 21, 2011. Lire aussi Satyajit Das, « Central bank voodoo isn’t working », Market Watch, April 27, 2011.
[2] Tyler Durden, « Five Years Later: 18 Dollars Of Debt For Every Dollar Of GDP; Total G7 Debt/GDP: 440% », Zero Hedge, October 12, 2013.
[3] U.S. Securities and Exchange Commission, Ponzi Scheme, Washington, 10/9/2013
[4] Natixis, « La productivité aux Etats-Unis : évolutions récentes et perspectives», Paris, Flash Economie, 21 mai 2012 – N°. 344.
[5] « A shrinking slice – Labour’ share of national income has fallen », The Economist, November 2nd-8th 2013, p. 12-14. Voir dans le même numéro « Labour pains – All around the world, labour is losing to capital », p. 77-78.
[6] Paul Jorion, L’argent mode d’emploi, Fayard, 2009, P. 259-260.
[7] Barry Eichengreen, Exorbitant Privilege - The Rise and Fall of the Dollar, Oxford University, 2011, p. 4.
[8] Thomas Madiou, Histoire d’Haïti, tome VII, Deschamps, 1988, p. 125.
[9] Choonsik Yoo et Kevin Yao, « Analysis: Default or not, Asia a hostage to U.S. debt », Reuters, Seoul/Beijing, Sep 29, 2013.
[10] Paul Jorion, La crise du capitalisme américain, Editions du croquant, 2009, p. 237.
[11] J.P. Morgan, Global RMB Handbook For Financial Institutions, 2012, p. 10.
[12] Tyler Durden, « Five Years Later: 18 Dollars Of Debt For Every Dollar Of GDP; Total G7 Debt/GDP: 440% », Zero Hedge, October 12, 2013.
[13] Liu Chang, « U.S. fiscal failure warrants a de-Americanized world », Xinhua, October 10, 2013.
[14] Ted C. Fishman, CHINA INC. How the Rise of the Next Superpower Challenges America and the World, Scribner, 2005, p. 269.
[15] « La Chine, grand créancier très privilégié du gouvernement américain! », Alterinfo, 24 mai 2012. Voir aussi Emily Flitter, « Exclusive: U.S. lets China bypass Wall Street for Treasury orders», New York, May 21, 2012.
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