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« Le vote de la loi électorale ne va rien changer » selon les partis de l'opposition

caricature-lwa elektoral preske fin kwitLe vote éventuel de la loi électorale par les députés ne changera pas pour autant la position des partis de l'opposition. Fanmi Lavalas, Fusion et OPL veulent plus de signaux positifs de la part du pouvoir en place alors que le MOPOD continue de réclamer le départ du chef de l'Etat. Le président du CTCEP attend leur inscription à bras ouverts

Convoqués en session extraordinaire ce vendredi par le chef de l'Etat, les députés vont se prononcer sur la loi électorale déjà sanctionnée au Sénat. S'ils l'adoptent dans les mêmes termes que les sénateurs, le pays aura un nouveau document électoral après celui de 2008. Cependant, ce ne sera pas pour autant une solution à la crise politique. L'opposition politique veut plus qu'une loi électorale.

Même s'il est en opposition au pouvoir en place, le coordonnateur général de l'Organisation du peuple en lutte n'exige pas pour autant le départ du président de la République. Mais, pour Sauveur Pierre-Etienne, il faut qu'il y ait des négociations conduisant à la formation d'un gouvernement inclusif, sans sa participation, s'est-il empressé de souligner. « L'OPL exige de l'équipe qui va former le gouvernement de coalition qu'elle vienne avec un budget décentralisé, fasse disparaître le Conseil électoral que dirige Emmanuel Ménard et organise des élections libres, honnêtes et démocratiques. »

Selon le chef de l'OPL, le CTCEP n'existe pas et Me Ménard n'est qu'un aventurier politique. « Nous sommes en plein tsunami politique, a-t-il dit jeudi matin intervenant à l'émission Panel Magik. Avec des manifestations ou pas, le président Martelly est au bout du rouleau. ''Li pran nan cho''. Il a un problème de convocation... »

Le leader politique prétend que la communauté internationale va organiser des élections générales avec un mandat de cinq ans pour tous les élus : président de la République, sénateurs, députés et maires. « Le président Martelly sera étonné de voir que le Blanc lui dit que l'accord politique, c'est qu'il parte avec le Parlement pour permettre l'organisation des élections générales dans le pays », prévoit Sauveur Pierre-Etienne.

« Au niveau du MOPOD, le vote de la loi électorale ne nous fera ni chaud ni froid, lance pour sa part Turneb Delpé, répondant aux questions du Nouvelliste. Le président Martelly ne peut pas soumettre le pays à ses caprices. Il avait deux ans pour organiser les élections. Nous allons continuer avec la mobilisation pour exiger son départ. » Selon le leader politique, la loi électorale n'a rien à voir avec la mobilisation de l'opposition qui réclame le départ de Michel Martelly.

Turneb Delpé continue de dénoncer les autorités qui, selon lui, sont responsables des blessés lors des manifestations de l'opposition qui ont eu lieu lundi dernier, à Port-au-Prince et au Cap-Haïtien.

Pour le responsable de la commission de mobilisation de Fanmi Lavalas, le vote de la loi électorale n'est qu'un point parmi les conditions posées par l'organisation politique de Jean-Bertrand Aristide. Cependant, Ansyto Félix a souligné que Fanmi Lavalas reste mobilisé pacifiquement en vue de participer à des élections honnêtes et démocratiques. Après le vote du document à la Chambre des députés, le parti se prononcera à nouveau, a-t-il annoncé.

La Fusion des sociaux-démocrates estime, de son côté, qu'on ne peut pas tenir des élections dans les conditions actuelles. Selon Edmonde Supplice Beauzile, présidente de l'organisation politique, dans l'environnement politique actuel, « le vote de la loi électorale est un signal qui permet d'éclaircir le ciel pour enlever quelques nuages. Mais on ne peut pas dire que la solution est trouvée. Il nous faut un accord politique entre les acteurs. Inévitablement, on doit signer un accord pour un apaisement réel avant de se rendre aux élections ».

La Fusion tout comme l'OPL est dans l'opposition, mais elle ne réclame pas le départ du chef de l'Etat. Madame Beauzile reconnaît toutefois aux autres structures le droit de se positionner comme elles l'entendent sur la conjoncture du pays, même si elle estime extrémiste leur demande de voir Martelly partir avant la fin de son mandat. La patronne de la Fusion croit que le dialogue est encore possible et que c'est l'option politique à prioriser.

Le président du Collègue transitoire du Conseil électoral permanent (CTCEP) a indiqué au Nouvelliste qu'une cinquantaine de partis politiques se sont déjà inscrits. Sur demande de plusieurs organisations politiques, il a prolongé la période d'inscription jusqu'à nouvel ordre afin de donner la possibilité à tout le monde de se présenter. « Les partis continuent à s'inscrire », a-t-il affirmé.

Emmanuel Ménard a rappelé que certains partis politiques ont conditionné leur inscription au vote de la loi électorale. C'est pourquoi il estime normal de prolonger le délai. Il espère qu'une fois le document voté dans les mêmes termes qu'au Sénat à la Chambre des députés, ces partis viendront s'inscrire au CTCEP.

Quant aux autres points du précalendrier électoral, M. Ménard répète qu'il n'avait pas besoin d'une loi électorale. « Pour payer les arriérés de salaire, les locaux, faire un tri parmi les 5 903 personnes inscrites pour les BED et les BEC, on n'avait pas besoin d'une loi électorale, assure-t-il. Ces points font d'ailleurs partie du précalendrier électoral... »

Robenson Geffrard
Source: Le Nouvelliste

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