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Noël, trêve politique, incertitudes…

caricature Martelly-boxing

Il est de tradition, même en temps de guerre dans certains pays, d'observer une trêve pendant les fêtes de fin d'année. Le président de la République le réclame, la société civile aussi. Cependant, la classe politique paraît divisée sur ce point. Certains partis observent une trêve « forcée », d'autres veulent maintenir la mobilisation anti-gouvernementale.

Les esprits tendent à se calmer un peu en Haïti. Les pays chrétiens comme le nôtre fêtent la Noël. L'heure est au partage et à un cessez-le-feu. Le président de la République semble lever le drapeau blanc. Lors de sa traditionnelle distribution de jouets à plusieurs milliers d'enfants en début de la semaine dernière au palais national, le chef de l'Etat a déclaré: « Comme ces enfants, j'aurais aimé prendre chaque Haïtien dans mes bras, le serrer contre moi, mais malheureusement je ne peux pas rencontrer tous mes compatriotes, je le fais avec ces enfants... » Michel Martelly a profité de l'occasion pour demander aux différents secteurs de la vie nationale d'observer une trêve politique durant cette période de fêtes de fin d'année.

Dans son message à l'occasion de la Noël, la Fédération protestante d'Haïti (FPH) a abondé dans le même sens. L'institution chrétienne a appelé tous les secteurs à un dépassement de soi, au respect de l'autre, de la Constitution et des lois du pays et aussi à une trêve politique.

« Les regroupements politiques sont invités à observer une trêve afin de permettre à la population de jouir pleinement de la fête de Noël qui est essentiellement une fête d'amour, de paix, de partage. Après cette trêve nous encourageons qu'un dialogue franc et sincère soit engagé afin d'arriver à un accord sur les questions pendantes et brûlantes de la vie nationale », lit-on dans ce message qui porte la signature du pasteur Sylvain Exantus, président de la FPH.

Une trêve pour les fêtes de fin d'année, le responsable du secteur vaudou en Haïti croit que c'est une bonne chose. Selon Max Beauvoir, on a eu une année 2013 particulièrement chauffée et mouvementée à plusieurs niveaux. Le leader religieux a estimé qu'on doit trouver la sérénité et le calme pour aborder la nouvelle année. « Une trêve politique calmera les esprits et tout le monde verra plus clair. J'appuie cette idée », a soutenu l'ati national.

Pour le directeur exécutif de l'Initiative de la société civile (ISC), la trêve est automatique, parce que selon Rosny Desroches, les Haïtiens aiment beaucoup les fêtes de Noël et le jour de l'An... « Je crois qu'après la Noël et le jour de l'An, le président Martelly devra se mettre au travail pour dialoguer et arriver à un accord sur les élections, les inquiétudes des partis politiques au sujet de l'indépendance du CEP, des dispositions pour la tenue de bonnes élections... », a-t-il dit.

Le responsable de l'ISC a dit souhaiter que l'année 2014 arrive avec le dialogue, l'écoute mutuelle, une réflexion profonde sur l'économie du pays et sur la situation de nos compatriotes en République dominicaine...

A la suite d'un malentendu au sein du MOPOD et de ses alliés, « nous observons une trêve forcée afin de mettre de l'ordre à l'intérieur même du mouvement et les autres secteurs qui nous accompagnent », a indiqué au Nouvelliste Turnep Delpé, l'un des responsables de ce regroupement de partis politiques de l'opposition qui réclament le départ du président Martelly. « Nous n'observons pas cette trêve par rapport au pouvoir qui ne cesse de poser des actions éminemment politiques avec ''Ti manman cheri...''. Le pouvoir devrait lui aussi arrêter ses propagandes politiques. »

« Nous ne pouvons pas avoir de trêve dans la situation actuelle du pays, a rétorqué André Fardeau, un des responsables du FOPAK, une organisation populaire proche de la mouvance Lavalas et du MOPOD. Selon lui, si le président Martelly voulait réellement avoir une trêve, il poserait des actions concrètes pour changer les conditions de vie des plus vulnérables.

« Nous allons rester mobilisés tous les jours jusqu'à l'année prochaine. Pas de trêve possible. Actuellement, nous sommes en réunion pour voir comment gagner les rues dans les jours qui viennent », a-t-il dit.

Par ailleurs, dans un communiqué, la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies en Haïti, Sandra Honoré, a présenté au gouvernement et au peuple d'Haïti ses meilleurs vœux pour que la nouvelle année porte en elle la « sérénité et l'esprit de paix, et qu'elle voie la consécration des efforts de tous les Haïtiens et de toutes les Haïtiennes pour le relèvement et le développement durable du pays. »

Elle a salué la force avec laquelle le peuple haïtien, résolument tourné vers l'avenir, s'attèle à surmonter les défis et la dignité avec laquelle il traverse les difficultés, selon ses propres mots.

« Depuis mon arrivée en Haïti le 15 juillet 2013, j'ai eu le privilège de rencontrer un grand nombre de représentants des autorités nationales, de la société civile et des partis politiques, autant en région qu'à Port-au-Prince. Cette année, Haïti a continué de consolider ses acquis dans des domaines aussi divers que la professionnalisation continue de la police nationale et le renforcement des institutions de l'Etat de droit. D'importance aussi est que le vote et la promulgation de la loi électorale qui démontrent que les différends politiques peuvent être surmontés dans l'intérêt national », a-t-elle dit.

« En espérant qu'en 2014 le dialogue et la collaboration entre tous les acteurs continueront dans l'intérêt du peuple haïtien », madame Honoré a par ailleurs souhaité que « la bonne volonté et les efforts de tous et de toutes permettent d'œuvrer pour que les droits politiques, socio-économiques et culturels soient garantis et respectés en Haïti».

Robenson Geffrard
Source: Le Nouvelliste

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